A partir de 1972, la NASA et McDonnell Douglas décident de changer la nomenclature des Thor Delta. Désormais le lanceur ne gardera que le générique « Delta » suivi par une série de 4 chiffres qui va différencier les différentes versions. Plus tard, le codage reprendra également la version de la coiffe qui peut varier d'une mission à l'autre. Cette nomenclature sera conservée pour les versions Delta jusqu'à l'avènement de la Delta IV où le changement radical d'architecture imposera une nomenclature propre au nouveau lanceur.
Premier chiffre indique le type du premier étage:
Le second chiffre indique le nombre de boosters accolés au premier étage. Ils sont au nombre de 3, 4, 6 ou 9. A noter que pour les versions comportant 9 boosters, seuls 6 sont allumés au décollage. Les 3 autres prennent le relais une fois les 6 premiers éteints.
Le troisième chiffre représente le moteur du second étage:
Le quatrième chiffre donne l'information concernant la motorisation du troisième étage:
Les premières versions à prendre la nomenclature à quatre chiffres sont les Delta de la série 0000. Seules 2 versions sont mises en service: Delta 0300 et Delta 0900. Elles sont très largement inspirées du dernier modèle de Thor Delta, le Thor Delta M. La principale modification concerne le second étage dont la puissance a été augmentée.
Les premières versions à prendre la nomenclature à quatre chiffres sont les Delta de la série 0000. Seules 2 versions sont mises en service: Delta 0300 et Delta 0900. Elles sont très largement inspirées du dernier modèle de Thor Delta, le Thor Delta M. La principale modification concerne le second étage dont la puissance a été augmentée.
La série 2000 est une modernisation de la série 1000 par le remplacement du moteur MB-3-III du premier étage d'origine par un RS-27 plus puissant. Les versions les moins puissantes ont été utilisées pour les orbites basses, notamment pour le lancement des satellites météorologiques Nimbus. Les versions plus puissantes ont servi à la mise sur orbite de transfert géostationnaire de satellites dont certains pour le compte de clients issus de pays étrangers.
La série 3000 vole de 1975 à 1989, année où la NASA cède l'activité de lancement aux compagnies privées que sont Martin Marietta (fusée Titan), General Dynamics (Atlas) et McDonnell Douglas (Delta).
La principale innovation sur cette série de Delta réside au remplacement des boosters Castor 2 par des Castor 4 plus puissants. Le deuxième étage est modernisé et le moteur PAM-D (Payload Assist Modul-Delta) est introduit sur les versions Delta 3910 et 3920. Il est utilisé également dans le cadre de missions de la navette spatiale pour le lancement de satellites d'une tonne environ, appelé aussi « Class Delta ».
Les séries 4000 et 5000 sont des lanceurs de transition qui ont servi à combler le vide entre la fin de la carrière commerciale de la navette et l'introduction de la nouvelle génération de fusées Delta.
Au moment où la navette spatiale est déclarée opérationnelle, la NASA stoppe les chaînes de production des fusées classiques au profit de sa flotte d'engins réutilisables. Après l'explosion de Challenger en janvier 1986, l'agence spatiale se voit interdire tous vols commerciaux effectués par la navette. Au moment où McDonnell Douglas reprend le lancement des fusées Delta à son compte, il ne reste que quelques exemplaires en pièces détachées dont il manque des éléments, notamment le moteur du premier étage qui n'est plus disponible en stock. L'avionneur se tourne vers le MB-3-III encore disponible.
A partir de la série 4000, le diamètre et type de coiffe est indiqué dans la nomenclature du lanceur.
La série 6000 est la première de ce que l'on appelle plus généralement la Delta II. De nombreuses modifications ont été apportées par rapport aux anciennes versions dont l'allongement du premier étage, le remplacement du troisième étage par un plus performant et la mise en service d'une coiffe offrant un diamètre plus important.
Deux modèles de la série vont voir le jour. Delta 6920 est affectée aux orbites basses. En lui ajoutant un troisième étage à poudre Star 48B, on obtient la version 6925, adaptée pour les orbites hautes.
Au début des années 90, McDonnell Douglas, repris en 1997 par Boeing, introduit la série Delta 7000 qui va devenir le fer de lance des missions gouvernementales. La NASA lui confie la majorité de ses missions d'exploration planétaires et scientifiques tandis que l'US Air Force l'utilise pour le renouvellement de son réseau GPS.
Boeing la propose sur le marché commercial en compétition avec les modèles les moins puissants d'Ariane 4. Bien que quelques satellites de télécommunications lui soient confiés, c'est surtout dans les lancements groupés qu'elle se révèlera être la plus adaptée. A la même époque, plusieurs projets de constellation voient le jour. Ils proposent d'établir un réseau sur une orbite moyenne constituée de plusieurs dizaines de satellites recouvrant la globalité de notre planète. De 1997 à 2002, Delta lance 60 satellites Iridium par grappe de 5 sur les 95 construits et 28 satellites Globalstar par grappe de 4 sur les 72 construits.
La série 8000, connue aussi sous l'appellation Delta III, voit l'introduction de l'étage Centaur sur la fusée Delta. Le projet est ambitieux puisqu'il permet de doubler les performances de la fusée en disposant d'une capacité de 3 180 kg pour l'orbite de transfert géostationnaire ou 8 292 kg pour l'orbite basse. Il entre en concurrence directe avec Ariane 4 et Proton. Sa conception est partiellement financée par l'achat de Hughes Space de 16 lancements pour ses satellites de télécommunications.
La carrière du nouveau lanceur ne sera pas aussi prometteuse que souhaitée. Après trois vols, elle est abandonnée au profit de Delta IV. Deux de ces missions se soldent par un échec. La troisième emporte une charge utile factice qui rejoint une orbite inférieure à celle visée. Hughes Space qui vient de perdre deux satellites annule le contrat et se tourne vers les autres lanceurs disponibles. Boeing retire officiellement du marché Delta III et reconvertis les modèles déjà construits en Delta II et Delta IV.
En 1995, le gouvernement américain lance un appel d'offres pour la conception de l'Evolved Expendable Launch Vehicle (EELV) qui vise à remplacer les lanceurs existants moyens et lourds par une nouvelle génération. L'EELV doit permettre de réduire les coûts d'exploitation en partie grâce aux lancements commerciaux. McDonnell Douglas, repris deux ans plus tard par Boeing, propose un lanceur Delta de conception nouvelle. En 1997, l'US Air Force retient le projet de Boeing et celui de Lockheed Martin pour ne pas se retrouver face à un fournisseur unique. L'année suivante, elle passe une première commande de 19 lancements sur Delta IV et 9 sur Atlas V pour un montant total de 2 milliards $. Une enquête révèlera ultérieurement que Boeing avait dérobé des documents confidentiels chez son concurrent, ce qui lui a valu des mesures de rétorsion. De 19 lancements, la compagnie de Seattle est réduite à 12 et les 7 restants sont confiés à Lockheed Martin.
Delta IV s'articule autour d'un corps central de 5 m de diamètre, baptisé CBC (Common Booster Core) équipé d'un moteur RS-68 développé par la société Rocketdyne à partir du moteur de la navette spatiale. L'étage supérieur est un dérivé du Centaur. Il en existe deux modèles : celui de 4 m repris de Delta III et un nouveau avec un diamètre de 5 m.
Tout comme Atlas V, Delta IV joue sur la modularité du lanceur pour couvrir tous les besoins. Il est possible de classer les différentes versions selon la classe :
La carrière commerciale se limitera au vol inaugural en novembre 2002. Le nombre de satellites à lancer à cette époque est en chute libre et l'offre sur le marché est supérieure à celle de la demande. Boeing décide de se focaliser uniquement sur les missions institutionnelles. Le prix d'un lancement de Delta IV (164 et 350 millions $ selon le modèle) étant supérieur à celui de ses concurrents, a certainement joué sur le choix de l'avionneur. En 2006, il s'allie à Lockheed Martin pour former la United Launch Alliance afin rationnaliser les coûts d'exploitation des deux familles de lanceurs.
Sources
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