La 23ème mission de VEGA a été couronnée de succès, plaçant avec précision les 12 satellites sur leur orbite. Le lancement de la fusée européenne a eu lieu dans la nuit de dimanche à lundi à 01 heures 36 UTC, depuis le Centre Spatial Guyanais. Initialement prévu 48 heures plus tôt, le compte à rebours avait dû être interrompu à 13 secondes du décollage en raison d'une mesure légèrement supérieure au seuil maximal sur l'un des paramètres lors de la tentative de vendredi soir.
La charge principale du vol VV23 comprenait les satellites THEOS-2 de l'Agence thaïlandaise de développement de la géo-informatique et des technologies spatiales (GISTDA) ainsi que FORMOSAT-7R/TRITON de l'Agence spatiale taïwanaise (TASA). Ces deux satellites ont été séparés sur une orbite héliosynchrone à une altitude d'environ 600 km, environ 55 minutes après le décollage. Les dix satellites secondaires ont suivi environ 90 minutes plus tard.
Le succès de la mission VV23 marque le retour en vol de la famille VEGA, après l'accident de décembre 2022 qui avait entraîné la perte de deux satellites d'imagerie Pléiades Neo d'Airbus Defence and Space lors du premier vol commercial de la version VEGA-C. L'enquête menée suite à l' échec du vol VV22 avait révélé un problème d'homogénéité global dans le composite utilisé pour fabriquer le col de la tuyère du moteur du deuxième étage à combustible solide Zefiro-40.
Suite au vol de la nuit dernière, il ne reste désormais qu'un exemplaire de la version standard de VEGA, prévu pour un lancement au cours du dernier trimestre de 2024. Entre-temps, Arianespace espère pouvoir disposer d'Ariane 6, dont le vol inaugural a été reporté à plusieurs reprises depuis 2020. Quant à VEGA-C, son retour au pas de tir ne semble pas imminent. L'Agence Spatiale Européenne a récemment annoncé que la dernière née de la famille VEGA ne serait pas lancée avant la fin de 2024, en raison d'une anomalie détectée lors d'un essai au sol en juin 2023, visant à qualifier un nouveau matériau en composite de carbone destiné à remplacer celui ayant fait défaut lors du vol VV22.
La commission d'enquête, chargée d'analyser l'incident, a publié un rapport recommandant à Avio et ArianeGroup de revoir la conception de la tuyère du Zefiro-40, qui n'est plus compatible avec le nouveau matériau utilisé pour sa fabrication. Elle préconise la réalisation de deux essais de la nouvelle tuyère avant d'autoriser à nouveau les lancements. Le premier de ces essais statiques est prévu pour le printemps 2024.
L'année 2024 risque d'être particulièrement calme à Kourou. Entre l'indisponibilité de VEGA-C pendant plus d'un an, les retards cumulés sur Ariane 6 et le retrait du service actif de son aînée Ariane 5, le Centre Spatial Guyanais ne devrait plus voir une fusée s'envoler avant de longs mois. Une situation qui place l'Europe dans une situation délicate et qui l'oblige à se tourner vers la concurrence pour lancer ses propres satellites.
La 23ème mission VEGA était la 3ème réalisée dans le cadre du programme (Small Spacecraft Mission Service) de service de lancement partagé pour petits satellites. Pour l'occasion, la fusée européenne transportait 12 satellites dont 2 principaux et 10 secondaires.
THEOS-2 (THailand Earth Observation System-2) est un satellite optique d'observation de la Terre à très haute résolution. Grâce à sa caméra, il pourra fournir des images de notre planète avec une résolution pouvant atteindre 50 cm. Le satellite a été construit par Airbus Defence and Space pour le compte de la Thaïlande et devrait rester opérationnel pendant au moins 10 ans. Avec ses 417 kg affichés sur la balance, c'était le poids lourd de ce vol.
FORMOSAT-7R/TRITON est un satellite taïwanais équipé du système GNSS-R (Global Navigation Satellite System-Reflectometry), qui recueille les signaux qui rebondissent sur la surface de la mer. Avec les données collectées, les scientifiques seront en mesure de calculer la vitesse du vent au-dessus des océans, ce qui permettra d'améliorer la prévision de l'intensité et de la trajectoire des typhons. L'instrument TRITON se basera sur les signaux GPS et QZSS réfléchis par la surface de la mer pour améliorer les prévisions de phénomènes météorologiques violents et faciliter l'étude de l'interaction entre la mer et l'air.
Les passagers auxiliaires sont PRETTY (Passive REflecTomeTry and dosimetrY), PROBA-V-CC (Project for On-Board Autonomy - Vegetation - Companion CubeSat), 2 satellites CSC (CubeSat Carrier), MACSAT, 3 satellites ANSER (Advanced Nanosatellite Systems for Earth observation Research), ESTCube-2 et N3SS (Nanosat 3U pour la Surveillance du Spectre) provenant de diverses organisation, principalement européennes.
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