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VEGA C - VV22
Photo ESA/CNES/Arianespace/Optique Vidéo du CSG

VEGA-C échoue lors de son premier vol commercial

21-12-2022 (Màj: 21-12-2022) Philippe Volvert

La nuit dernière devait voir l'entrée en service commercial de VEGA-C, la dernière née des lanceurs européens. Après un vol inaugural parfait réalisé en juillet dernier, tout le monde espérait voir réitérer le succès de la mission VV21.

Pour le vol VV22, Arianespace avait confié à la fusée européenne deux satellites d'observation de la Terre à très haute résolution d'Airbus Defence & Space. Pléiades-Neo 5 et Pléiades-Neo 6 devaient faire partie d'une mini constellation comprenant 4 satellites identiques offrant une résolution au sol de 30 cm. Pour financer son programme, l'avionneur avait déboursé 600 millions € et comptait sur les revenus provenant de la vente des images pour récupérer sa mise.

Pléiades NEO 5 et 6
Préparation des satellites Pléiades NEO 5 et 6 - Crédit Airbus Defence & Space

Après un report de quatre semaines afin de procéder au remplacement d'un équipement défectueux sur la coiffe du lanceur, VEGA-C a décollé à 01 heure 47 UTC depuis le Centre Spatial Guyanais.

Le premier étage P120C, alimenté par des propergols solides, a fonctionné durant les deux minutes prévues, produisant une poussée de 4 057,80 kN. Suivant sa trajectoire vers le Nord, la fusée s'est débarrassée du premier étage et a allumé le moteur Zefiro 40 du deuxième étage pour poursuivre son ascension vers l'orbite visée.

Sept secondes après l'allumage du Zefiro 40, une perte de pression progressive dans le moteur est observée, provoquant un écart dans la trajectoire prévue. La pression chute alors brutalement à T+208 secondes conduisant à la perte inévitable de la mission. Suivant la procédure standard en cas de déviation de la trajectoire, l'ordre de destruction est envoyé au lanceur par le responsable sauvegarde. Les débris sont retombés dans l'Atlantique à environ 1 000 km de la mer des Caraïbes.

Arianespace VV22
Position de la fusée VEGA-C après 7 minutes de vol - Crédit Arianespace

Cet échec est le troisième enregistré par VEGA, toutes versions confondues, depuis sa mise en service en 2012 et la troisième déconvenue subie au cours des 8 derniers lancements. Les échecs à répétitions font chuter le taux de fiabilité de la fusée qui passe de 100 % au moment de la mission VV14 à 86,36 % après VV22.

Dans les heures qui ont suivi l'échec, la concurrence a montré son soutien à Arianespace à travers les réseaux sociaux. C'est ainsi que Peter Beck et Elon Musk, patron de respectivement Rocketlab et SpaceX, ont publié un tweet allant dans ce sens et rappelant toutes les difficultés d'une mission orbitale.

Un échec au plus mauvais moment

L'échec de VEGA-C intervient au plus mauvais moment pour Arianespace, qui doit faire face à une crise dans le transport spatial européen depuis près d'un an.

D'une part, Arianespace s'est vue retirer l'exploitation commerciale de la fusée Soyuz après l'entrée en guerre de la Russie avec l'Ukraine. Pour honorer les contrats signés, l'opérateur français n'a eu d'autres choix que d'envoyer certains clients vers la concurrence, notamment SpaceX.

D'autre part, les retards s'accumulent dans le développement d'Ariane 6. Prévu pour l'été 2020, le vol inaugural n'a cessé d'être repoussé. Aujourd'hui, on parle d'une mise en service fin 2023. Malheureusement, elle arrivera après le retrait d'Ariane 5, dont il ne reste que deux exemplaires à lancer. Arianespace qui comptait sur une transition en douceur entre les deux générations de lanceurs lourds devra faire l'impasse sur une solution de rechange en cas de pépins lors des premiers vols Ariane 6.

Après l'échec de la nuit dernière, une commission d'enquête, coprésidée par l'Inspecteur général de l'ESA et le Directeur technique d'Arianespace, a été formée afin de déterminer les causes exactes de l'accident et apporter des solutions pour une reprise des activités au plus vite. En attendant le rapport final, tous les lancements de VEGA-C sont reportés à une date indéterminée.

Privée d'Ariane 5 d'ici quelques mois, privée d'Ariane 6 qui n'arrivera que d'ici un an, privée de l'exploitation commerciale de Soyuz, privée de VEGA-C pour plusieurs mois, l'activité d'Arianespace pour l'année 2023 risque bel et bien d'être au plus bas.

Vidéotransmission - Crédit Arianespace

Sources

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