La sonde de l'ESA avait quitté la Terre le 02 mars 2004, grâce à un lanceur Ariane 5, entamant un voyage de 10 ans à travers le système solaire afin de rejoindre la comète Churyumov-Gerasimenko en 2014.
Le 25 février dernier, Rosetta s'est approchée de Mars à une distance minime de 250 km. Ce rendez-vous inscrit sur le calendrier des « manoeuvres d'assistance gravitationnelle » a donc bien eu lieu mais n'a pas manqué de donner quelques sueurs froides aux observateurs de l'ESA. Pendant environ un quart d'heure, la sonde s'est trouvée dans l' « ombre » de Mars, privée de tout contact avec la Terre et avec le Soleil. Les astronomes ont perdu toute communication avec leur engin qui, fonctionnant habituellement par le biais de l'énergie solaire, a dû utiliser ses batteries de secours, initialement prévues pour un autre usage. Lors de cette rencontre, Rosetta a pris des clichés de la planète rouge, testant au passage ses instruments peu sollicités jusque là. Il s'agissait aussi de la deuxième « manoeuvre d'assistance gravitationnelle » permettant à la sonde de modifier à la fois sa vitesse et sa trajectoire en tirant parti de la gravitation de la planète. Exceptionnellement, Rosetta a été soumise à une décélération (d'ordinaire ce type de manoeuvre vise plutôt une accélération) et sa trajectoire a été déviée vers la Terre où elle subira en novembre 2007 une troisième et avant-dernière « manoeuvre d'assistance gravitationnelle ».
Alors qu'elle aura regagné vitesse et énergie, la sonde prendra la route de la Ceinture d'astéroïdes située entre Mars et Jupiter pour s'attarder sur deux d'entre eux : Steins, en septembre 2008, et Lutetia, en juillet 2010.
Ensuite, après une période d' « hibernation » s'étendant de juillet 2011 à janvier 2014 (pour économiser au maximum son énergie), Rosetta arrivera à destination en mai 2014. A cet instant précis, elle sera la première sonde à se mettre en orbite autour du noyau d'une comète, en l'occurrence celui de Churyumov-Gerasimenko. Durant 6 mois, elle le cartographiera pour trouver le meilleur site d'atterrissage pour Philae qui se posera sur l'objet céleste en novembre 2014. L'atterrisseur entreprendra alors l'étude de la matière organique de la comète et prélèvera des échantillons de glaces et de gaz tandis que Rosetta poursuivra ses observations à partir de son poste orbital. On attend beaucoup de ces analyses qui pourraient apporter des éclaircissements sur la naissance et l'évolution du système solaire. En effet, les comètes, ces corps célestes composés de glaces et de poussières, se sont formées en même temps que les planètes, il y a quelques 4,6 milliards d'années, mais très loin du Soleil, dans un univers extrêmement froid où elles n'ont rencontré aucun élément extérieur venant perturber leur composition chimique. De plus, l'étude de Churyumov-Gerasimenko pourrait permettre de savoir si les comètes ont contribué à l'apparition des premières formes de vie sur Terre, lors de collisions, grâce à leurs molécules organiques complexes.
Enfin, et puisque l'observation de la comète se fera lorsque le corps glacé sera près du Soleil, Rosetta pourra observer au mieux les modifications de la matière à ce moment-là, notamment l'apparition de la queue de poussières si caractéristique qui rend les comètes visibles aux observateurs sur Terre.
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