Zenit est le dernier lanceur développé par l'Union Soviétique avant qu'elle ne s'effondre. Promis à un bel avenir, sa carrière périclitera au gré des relations internationales.
L'histoire commence en 1969 lorsque le gouvernement soviétique lance un appel d'offres pour un lanceur dont les performances se situeraient entre les fusées Soyuz et Proton. Le projet 11K77 soumis par le bureau d'étude NPO Yuzhnoye a la préférence des militaires. La configuration de départ n'est pas figée et dans les années qui suivent, elle évolue en fonction des différentes contraintes et exigences. L'architecture définitive de la nouvelle fusée n'est arrêté qu'en décembre 1975. Le 16 mars 1976, les autorités du pays signent le décret actant la naissance du 11K77 comme complexe universel de lanceur spatial. Ce qui signifie qu'il servira à placer des satellites sur orbite et que certains de ses éléments pourront intégrer le design de la fusée super lourde Energiya comme propulseur latéral. Le 11K77 est développé en parallèle pour les deux programmes. Il est désigné officiellement Zenit 2 dans la fonction de lanceur spatial, ce qui sous entend que Zenit 1, bien qu'elle n'existe pas, correspond aux boosters d'Energiya. Zenit 2 est le lanceur attitré des satellites d'écoute électronique Tselina 2.
La mise en service annoncée pour 1982 est retardée de plusieurs années. La mise au point du moteur RD-171 prend du temps et l'économie de l'Union Soviétique montre les premiers signes de faiblesse qui conduiront à la chute de l'URSS. Finalement, le vol inaugural de Zenit 2 a lieu le 13 avril 1985 mais il se solde par un échec. A quelques exceptions près, la carrière de la fusée sera liée à celle des satellites Tselina 2. Leur durée de vie étant limitée à un an en moyenne, il faut les remplacer fréquemment.
Après la chute de l'Union Soviétique, plusieurs industriels russes s'allient à leurs homologues américains pour offrir une alternative à la fusée Ariane sur le marché des satellites commerciaux. L'Américain Boeing et le Norvégien Kvaerner sont approchés par RSC Energiya qui propose d'utiliser la fusée Zenit couplée à l'étage Block DM. En avril 1995, les différents partenaires signent l'accord de création du consortium Sea-Launch qui aboutira quatre ans plus tard par un premier lancement réussi de Zenit 3SL.
Le concept de Sea-Launch consiste à profiter au maximum de la rotation terrestre pour envoyer sur l'orbite géostationnaire les satellites de télécommunications les plus lourds. Lancée depuis le cosmodrome de Baïkonour, Zenit ne peut transporter qu'une charge de 3 750 kg contre 6 160 kg depuis une plate-forme stationnée dans le Pacifique le long de l'équateur.
Au début des années 2000, Sea-Launch est un acteur incontournable sur la scène spatiale mais n'arrive pas à s'imposer face à Ariane 5 et Proton. Le nombre de lancements se limite entre 1et 4 par an mais est insuffisant pour maintenir l'équilibre financier de la société. En janvier 2007, la situation s'aggrave avec l'explosion au décollage d'une fusée Zenit. Les activités de Sea-Launch sont suspendues pendant un an. Lorsqu'elles reprennent en mars 2008, le consortium est au bord de la faillite. Faillite qui est prononcée en juin 2009. Sea-Launch ne sort de cette situation difficile qu'en octobre 2010 au prix d'une réorganisation et recapitalisation de la société. Le russe RSC Energia devient l'actionnaire majoritaire avec 95 % des parts.
Au moment où la crise entre la Russie et l'Ukraine éclate, le carnet de commandes de Sea-Launch est vide. Faute de clients, le consortium est contraint de mettre en sommeil ses installations et de licencier une partie de son personnel. En septembre 2016, la compagnie aérienne russe S7 Airlines rachète à RSC Energia les actifs de Sea-Launch avec une reprise des activités annoncées pour fin 2018, début 2019.
En parallèle à Sea-Launch, une version lancée depuis Baïkonour voit le jour. Zenit 3SLB reprend toutes les caractéristiques de Zenit 3SL à l'exception de la coiffe qu'elle emprunte à la fusée Proton équipée d'un étage Block DM. Elle complète l'offre Zenit en proposant la mise sur orbite de satellites de télécommunications de moins de 3,5 tonnes. Malgré le nombre de satellites à lancer, Land-Launch peine à trouver des clients. Depuis son premier lancement en avril 2008, seuls six lancements ont été effectués. Le dernier en date remonte à août 2013.
La carrière de Zenit ne se limite pas aux vols commerciaux. L'agence spatiale russe lui confie certains de ses satellites, notamment la sonde martienne Fobos-Grunt. Pour ces missions, le Block DM est remplacé par un étage Fregat dérivé de celui qui équipe les fusées Soyuz.
Sources
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