Après un léger report, Blue Origin s’apprête à lancer sa fusée géante New Glenn. Initialement prévu pour le 8 janvier, le lancement avait été repoussé de quelques jours en raison des conditions défavorables en mer dans l’Atlantique où Blue Origin compte démontrer la récupération du premier étage de la fusée, un défi clé pour l’entreprise. Le décollage est désormais programmé ce jeudi, entre 06h00 et 09h00 UTC, depuis le pas de tir 36 à Cape Canaveral, autrefois utilisé par les fusées Atlas.
L’évènement sera à suivre en français sur cette page où en version originale sur la page du calendrier des lancements.
Pour ce premier vol historique, Blue Origin vise à surpasser SpaceX en tentant de récupérer le premier étage de la fusée dès sa première tentative. Cette manœuvre se déroulera sur une barge baptisée Jacklyn, un clin d’œil à l’histoire familiale de Jeff Bezos. SpaceX, malgré sa réputation d’audace, n’avait testé la récupération qu’après plusieurs vols réussis. L’enjeu est donc de taille pour Blue Origin, qui ambitionne de rivaliser avec le leader incontesté du secteur des lancements spatiaux.
New Glenn effectuera ce vol inaugural vers une orbite elliptique de 2 400 x 19 300 km avec une inclinaison de 30°. À bord, le démonstrateur technologique Blue Ring servira de prototype pour un futur véhicule de transfert orbital. Ce dispositif est conçu pour transporter des satellites pesant jusqu’à trois tonnes sur leur orbite finale, optimisant ainsi leur consommation de carburant et prolongeant leur durée de vie.
Le nom « New Glenn » rend hommage à John Glenn, premier astronaute américain à avoir été placé en orbite terrestre. Ce n’est pas la première fois que Blue Origin s’inspire de l’histoire de la conquête spatiale : en 2015, la compagnie avait baptisé sa fusée touristique « New Shepard », en référence à Alan Shepard, premier Américain à voyager dans l’espace lors d’un vol suborbital de 15 minutes.
Le 12 septembre 2016, Jeff Bezos, fondateur de Blue Origin et d’Amazon, dévoile son ambition de développer un lanceur lourd réutilisable, avec pour objectif de devenir un acteur majeur du transport spatial et de concurrencer SpaceX.
Le développement de New Glenn s’est déroulé dans la plus grande discrétion. Toutefois, les cinq années de retard accumulées sur le calendrier initial suggèrent que certains défis techniques ont été complexes à surmonter.
Avec ses 98 mètres de haut, New Glenn est un mastodonte composé de deux étages, capable de transporter 13 tonnes en orbite de transfert géostationnaire ou 45 tonnes en orbite basse terrestre.
Le premier étage, propulsé par sept moteurs BE-4 fonctionnant avec un mélange d’oxygène liquide et de méthane, délivre une poussée totale de 16 800 kN au décollage. Ces moteurs, déjà éprouvés sur la fusée Vulcan (qui compte deux vols réussis), sont conçus pour garantir une réutilisation de l’étage jusqu’à 25 fois, réduisant ainsi les coûts de lancement. Après environ quatre minutes de vol, le premier étage se sépare, effectue des manœuvres de retour grâce à ses ailerons, puis déploie ses six pieds d’atterrissage pour se poser en douceur sur une barge en mer.
Le deuxième étage, consommable, est équipé de deux moteurs BE-3U, alimentés en oxygène liquide et hydrogène liquide, qui offrent une poussée unitaire de 550 kN. Pour les missions nécessitant des orbites élevées ou des trajectoires interplanétaires, un troisième étage optionnel avec un moteur BE-3U unique est également disponible.
Le compartiment pour la charge utile offre un volume sans précédent : la coiffe de New Glenn mesure 7 mètres de diamètre et 21,9 mètres de haut, surpassant largement celle de Falcon 9, qui mesure 5,2 mètres de diamètre et 13,1 mètres de haut.
Avant même la qualification de sa fusée, Blue Origin a déjà sécurisé plusieurs contrats prestigieux. Parmi eux, un accord avec Eutelsat/OneWeb, opérateur européen de télécommunications, et une mission confiée par la NASA : EscaPADE (Escape and Plasma Acceleration and Dynamics Explorers). Initialement prévue pour le premier vol de New Glenn, cette mission a été reportée à une date ultérieure.
Le principal client de New Glenn reste cependant Amazon, autre pilier de l’empire de Jeff Bezos. La fusée géante sera mobilisée pour 12 lancements dédiés au déploiement de la constellation Kuiper, soit un total de 732 satellites destinés à offrir un accès mondial à Internet.
De son côté, le département de la Défense américain attend avec intérêt l’entrée en service de New Glenn. Cette nouvelle option permettrait de diversifier ses capacités de lancement pour les satellites espions, actuellement confiées à SpaceX et United Launch Alliance.
Retransmission en direct en français - Crédit Techniques Spatiales
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