Lors d'une conférence de presse tenue samedi soir, la NASA a annoncé que les astronautes Barry Wilmore et Sunita Williams rentreront sur Terre en février prochain à bord d'un vaisseau Crew Dragon de SpaceX.
Ces deux astronautes ont été lancés le 5 juin par une fusée Atlas V pour une mission de courte durée. Leur séjour à bord de la Station spatiale internationale avait pour but de valider le vaisseau CST-100 Starliner de Boeing pour les vols habités.
Avant même le lancement, une première fuite d'hélium a été détectée sur le vaisseau, mais jugée mineure et sans risque pour la sécurité des astronautes. Cependant, une fois en orbite, d'autres fuites sont apparues dans les circuits d'hélium pressurisé, utilisés pour chasser les ergols dans les moteurs de manoeuvres orbitales. Ces fuites ont été accompagnées de dysfonctionnements de plusieurs moteurs, retardant d'une orbite l'amarrage à la station spatiale internationale.
Le module de service du Starliner dispose de 28 moteurs RCS (Reaction Control System) de 0,4 kN de poussée et 20 moteurs OMAC (Orbital Maneuvering and Attitude Control) de 6,7 kN de poussée. Ils fournissent des poussées faibles afin d'ajuster finement l'orientation du vaisseau. Le développement de ces moteurs a été confié à Aerojet Rocketdyne, société américaine spécialisée dans la conception et la construction de moteurs-fusées.
Dans un premier temps, la NASA et Boeing se sont montrés optimistes quant à une résolution rapide des problèmes du vaisseau Starliner et à sa capacité de ramener en toute sécurité les deux astronautes sur Terre. Les données montraient que les fuites d'hélium restaient stables et que tous les moteurs, à l'exception d'un seul désactivé, fonctionnaient à nouveau correctement. Cependant, la NASA a exigé que Boeing effectue des tests supplémentaires avant de donner le feu vert pour le retour des astronautes sur Terre.
Les analyses et tests menés par Boeing se sont prolongés, obligeant les astronautes Wilmore et Williams à rester plus longtemps dans l'espace. Pendant plusieurs semaines, la NASA a tenté de minimiser l'impact des problèmes du Starliner, invoquant un calendrier chargé sur l'ISS pour justifier les retards du retour des astronautes. Cependant, cette situation a placé l'agence spatiale dans une position délicate. En cas d'évacuation d'urgence de l'ISS, les deux astronautes seraient contraints d'utiliser un vaisseau dont les performances lors de la rentrée atmosphérique restent incertaines.
Alors que Boeing travaille à résoudre les problèmes de moteurs du Starliner, la NASA a réajusté le planning de l'Expédition 71, actuellement en mission à bord de l'ISS. Composé de trois cosmonautes russes et de quatre astronautes américains, cet équipage voit désormais l'intégration officielle des deux astronautes, dont le séjour prolongé les a transformés en membres à part entière de la mission.
Pendant deux mois, Boeing a mené des tests intensifs sur les moteurs RCS au centre d'essais de White Sands, au Nouveau-Mexique. Ces tests visaient à simuler les conditions de vol en mode CFT (Crew Flight Test) pour identifier les raisons des dysfonctionnements de certains propulseurs et évaluer les conséquences de leur réactivation. Boeing a investi 125 millions de dollars dans ces essais pour analyser en profondeur les données recueillies.
Les ingénieurs estiment désormais avoir identifié la cause des dysfonctionnements des moteurs, après avoir réussi à reproduire une dégradation similaire à celle observée sur le vaisseau. Une surchauffe des joints en Téflon serait à l'origine d'une perturbation du flux de propergols dans les moteurs.
Pendant que Boeing effectuait ses tests sur le Starliner, la NASA a activement exploré diverses options pour ramener en toute sécurité les astronautes à bord du vaisseau. Dès les semaines suivant l'amarrage du Starliner à la station spatiale internationale, certains experts du domaine spatial ont proposé une solution alternative : un rapatriement des astronautes via un Crew Dragon de SpaceX.
En juillet, SpaceX a confirmé qu'il disposait de deux combinaisons spatiales adaptées pour les astronautes Wilmore et Williams, si l'option Crew Dragon était retenue. Après consultation avec ses partenaires, la NASA, par l'intermédiaire de son administrateur Bill Nelson, a officialisé cette décision, confirmant que les deux astronautes reviendraient sur Terre le 25 février 2025 avec l'équipage de Crew 9. Le Starliner, quant à lui, rentrerait sur Terre sans équipage.
Le plan de la NASA prévoit le désamarrage du Starliner le 6 septembre pour libérer un port sur l'ISS, permettant ainsi l'accueil du véhicule Crew 9. Cette date a été choisie en raison d'une trajectoire favorable au survol de la zone de récupération du vaisseau. Entre le départ du Starliner et l'arrivée de Crew 9, Wilmore et Williams auront des sièges temporaires installés à bord de Crew 8 Dragon, leur offrant une solution d'évacuation d'urgence si nécessaire.
Le 24 septembre, Crew 9 décollera vers l'ISS avec un équipage réduit à deux membres : l'astronaute américain Nick Hague et le cosmonaute russe Aleksandr Gorbunov. Ce duo mènera une mission classique de six mois sur l'ISS avant de ramener Wilmore et Williams sur Terre. Ces deux astronautes auront passé 262 jours dans l'espace, bien au-delà des 8 jours initialement prévus.
Conférence de presse de la NASA au Johnson Space Center à Houston - Crédit NASA
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