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Atterrissage OSIRIS-REx
Photo NASA/Keegan Barber

OSIRIS-REx rapporte un fragment de Bennu sur Terre

25-09-2023 (Màj: 25-09-2023) Philippe Volvert

Après sept années d'attente et 7 milliards de kilomètres parcourus, l'équipe de la mission OSIRIS-REx (Origins, Spectral Interpretation, Resource Identification and Security - Regolith Explorer) peut pousser un « ouf » de soulagement après la récupération de la capsule contenant les échantillons prélevés sur l'astéroïde Bennu. La capsule s'est posée en douceur ce dimanche à 14 heures 52 UTC dans une zone ciblée du polygone d'essais et d'entraînement de l'Utah du Department of Defense, près de Salt Lake City.

Une heure et demie plus tard, la capsule a été acheminée par hélicoptère vers une enceinte stérile temporaire aménagée dans un hangar au Dugway Proving Ground, où elle est désormais reliée à un flux continu d'azote.

La purge en azote de la capsule est une étape importante dans la conservation des échantillons. En effet, l'azote est un gaz qui ne réagit pas avec la plupart des autres substances chimiques. En maintenant un flux constant à l'intérieur de la capsule, on prévient ainsi toute intrusion de contaminants terrestres dans les échantillons.

Les échantillons ne feront pas l'objet d'analyses sur le site d'atterrissage. Au lieu de cela, la précieuse cargaison sera acheminée par avion jusqu'au Johnson Space Center de Houston, où une équipe se chargera d'un inventaire minutieux du contenu. Par la suite, la NASA distribuera graduellement de petites quantités vers des laboratoires dispersés à travers le monde pour des études scientifiques approfondies.

La mission d'OSIRIS-REx

En expédiant la sonde OSIRIS-REx vers 101955 Bennu en septembre 2016, la NASA avait pour objectif de prélever environ 60 grammes de roches et de poussières de sa surface. L'agence spatiale avait même planifié deux autres tentatives de collecte au cas où la première échouerait. Cependant, pour la grande satisfaction des équipes en charge de la mission, la sonde a réussi à récupérer environ 250 grammes d'échantillons dès la première tentative.

La mission d'OSIRIS-REx n'était pas uniquement axée sur la collecte de simples échantillons. Au cours des deux années précédant la collecte, la sonde a entrepris une étude approfondie de Bennu, comprenant une cartographie détaillée de l'astéroïde et l'identification des zones propices à la collecte d'échantillons. D'autres mesures ont également été prises, notamment l'étude de l'effet Yarkovsky, qui permet de quantifier l'influence du rayonnement thermique reçu par un astéroïde sur son mouvement. La sonde a également déterminé les caractéristiques spectrales, thermiques et géologiques de l'astéroïde.

Après avoir accompli la collecte, OSIRIS-REx a patienté en orbite autour de Bennu pendant une année supplémentaire, en attendant une fenêtre favorable pour entamer son voyage en direction de la Terre. Ce voyage s'est effectué selon une trajectoire balistique précise, conduisant à un rendez-vous prévu avec notre planète le 24 septembre 2023.

Quatre heures avant son passage près de la Terre, à une distance de 102 000 kilomètres, OSIRIS-REx s'est séparée de la capsule renfermant les échantillons, puis a effectué une manoeuvre d'évitement. Tandis que la capsule entamait sa descente dans l'atmosphère terrestre, la sonde OSIRIS-REx a continué son trajet, rejoignant une orbite héliocentrique stable qui la conduira vers l'astéroïde Apophis en 2029. A l'instar d'autres sondes dont la mission s'est prolongée au-delà de l'objectif initial, OSIRIS-REx a été rebaptisée et porte désormais le nom d'OSIRIS-APEX.

L'analyse des échantillons

Au moment où sont écrites ces lignes, personne ne sait réellement la quantité exacte de roche qu'OSIRIS-REx a ramenée sur Terre. A l'origine, il était prévu de peser la récolte peu après la collecte, mais cette manoeuvre a été annulée par la NASA. En effet, la quantité de roche s'est avérée plus importante que prévue, débordant le collecteur. Pour minimiser les pertes, l'agence spatiale américaine a choisi de sceller le contenu. Néanmoins, une estimation place la quantité prélevée à environ 250 grammes, avec une marge d'erreur de 100 grammes.

La NASA prévoit de répartir 25 % des échantillons parmi plus de 200 chercheurs affiliés à plus de 35 institutions à travers le globe pour des analyses approfondies. L'Agence spatiale canadienne, qui a contribué à la mission en fournissant l'instrument OLA (OSIRIS-REx Laser Altimeter), recevra 4 % de la récolte. L'Agence spatiale japonaise recevra quant à elle 0,5 % dans le cadre d'un échange avec des échantillons provenant de la mission japonaise Hayabusa 2. Une portion sera réservée et stockée à White Sands, au Nouveau-Mexique. Le reste de l'échantillon sera mis à disposition du public, disponible pour des analyses à la demande par des scientifiques du monde entier, tout en étant conservé pour les générations futures, qui disposeront de technologies plus avancées.

De Bennu à Apophis

Bennu
Mosaïque de l'astéroïde Bennu pris par la sonde OSIRIS-REx - Photo NASA/Goddard/University of Arizona

Bennu a été découvert en septembre 1999 grâce au Lincoln Near-Earth Asteroid Research. Il appartient à la catégorie des «Apollons », une classe d'astéroïdes qui croisent l'orbite de la Terre. En ce qui concerne l'orbite de Bennu, il s'approche de notre planète tous les 6 ans. Selon les calculs actuels, il présente une probabilité de 1 sur 2 700 de collision lors d'une approche à la fin du 22e siècle.

Bennu est classifié comme un astéroïde de type B, principalement composé de carbone. Les scientifiques supposent qu'il faisait autrefois partie de la Ceinture Principale d'astéroïdes avant de s'en échapper sous l'influence gravitationnelle des planètes voisines.

Cet astéroïde a un diamètre d'environ 500 mètres et une densité légèrement supérieure de 30 % à celle de l'eau. Sa structure interne est caractérisée par une porosité importante ce qui suggère qu'elle pourrait être constituée d'un agrégat de roches en vrac, maintenues ensemble par la force de gravité. Ses roches sont composés de matériaux hydratés et riches en volatils.

Bennu avait été choisi par la NASA pour la mission OSIRIS-REx car il présente l'avantage d'avoir très peu évolué depuis sa formation et est donc un vestige de l'époque de la formation du système solaire il y a 4,6 milliards d'années.

La mission OSIRIS-REx est achevée. Place maintenant à OSIRIS-APEX, qui comprend uniquement l'orbiteur de la mission initiale. La sonde se placera en orbite autour d'Apophis en 2029 pour une étude approfondie de l'astéroïde.

A l'instar de Bennu, Apophis est également un astéroïde géocroiseur. Il suit une orbite proche de celle de la Terre qu'il croise deux fois à chacune de ses révolutions. Avec ses 325 mètres de long, il est plus petit que Bennu.

Découvert en 2004, il a été un temps considéré comme potentiellement dangereux pour la Terre. Après avoir affiné ses calculs, la NASA estime que les risques d'impact pour avril 2036 sont de 1 sur 233 000.

Sources

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