Malgré les apparences et les progrès technologiques, l’accès à l’espace reste, aujourd’hui encore, une entreprise hautement complexe et risquée. La société américaine Firefly Aerospace en a fait l’amère expérience mercredi dernier, lorsque le lancement de sa fusée Alpha s’est soldé par un échec, avec une fin prématurée au fond de l’océan Pacifique.
Après plusieurs reports, la fusée Alpha a finalement décollé le mercredi à 13 heures 37 UTC depuis le pas de tir SLC-2W de la base militaire de Vandenberg, en Californie. Sous sa coiffe était installé le satellite LM400 Demo, une plateforme de démonstration technologique développée par Lockheed Martin. Cette mission inaugurale marquait le premier vol d’un contrat de 25 lancements signés entre Firefly Aerospace et Lockheed Martin, prévu de s’étaler de 2025 à 2029. Le but : envoyer en orbite une série de satellites à coûts réduits pour des démonstrations autofinancées, essentielles au développement futur de l’entreprise.
Les deux minutes et demie de la phase propulsive du premier étage se sont déroulées nominalement, selon les prévisions. Mais l’échec est survenu peu après, lors de la séparation entre le premier et le deuxième étage, au moment où le moteur Lightning du second étage devait s’allumer.
Des images capturées par les caméras de suivi ont montré un champ de débris au moment de la séparation, suggérant qu’un composant du lanceur s’était désintégré. La caméra embarquée, pointée vers la base du deuxième étage, a confirmé la cause : la tuyère du moteur Lightning manquait. Pour une raison encore indéterminée, cette pièce cruciale s’est désintégrée, privant le moteur de sa capacité à accélérer et éjecter les gaz brûlés générés dans la chambre de combustion.
Cet incident a entraîné une autre complication : au moment de l’allumage, l’étage s’est mis à partir en vrille. Heureusement, les ordinateurs de bord ont rapidement réussi à stabiliser l’engin, démontrant une certaine robustesse des systèmes de contrôle malgré la gravité de la panne.
Dans un premier temps, Firefly Aerospace avait annoncé le succès de la mission, avant de faire volte-face plus tard dans la journée. Dans un communiqué, l’entreprise a reconnu l’échec, précisant que l’étage avait atteint une altitude de 320 km avant de retomber dans « une zone dégagée de l’océan Pacifique, au nord de l’Antarctique ».Firefly Aerospace a d’ores et déjà annoncé l’ouverture d’une enquête, menée en collaboration avec la FAA (Federal Aviation Administration) et Lockheed Martin, pour déterminer les causes exactes de l’incident. L’objectif : identifier les failles, corriger le problème et retourner sur le pas de tir dès que possible.
Baptisée « Message In A Booster », cette sixième mission (FLTA006) représente le deuxième échec majeur de la fusée Alpha depuis son entrée en service en 2021. Parmi les quatre autres vols précédents, deux avaient déjà souffert de sous-performances, conduisant les charges utiles sur des orbites plus basses que prévu.
En somme, après six missions, le bilan d’Alpha reste contrasté, illustrant une fois encore la complexité et les aléas des lancements spatiaux, même à l’ère moderne où les opérateurs disposent de moyens technologiques avancés.
Mais Firefly Aerospace ne se contente pas d’offrir un simple service de lancement : elle propose aussi une solution de lancement rapide à la demande, un modèle où, après réception d’un ordre de mission, la société a seulement quelques jours pour préparer et réaliser le lancement, dont les 24 dernières heures sont entièrement consacrées à l’intégration des paramètres de vol et aux ultimes préparatifs. Cette capacité a été démontrée pour la première fois en septembre 2023, lors d’une mission réussie pour le compte du Space Systems Command de l’US Space Force.
La mission de mercredi avait pour objectif de tester la plateforme LM400, la plus flexible jamais développée par Lockheed Martin. Ce modèle de satellite multi-mission de taille moyenne est conçu pour répondre aux besoins d’une grande variété de clients, qu’ils soient militaires, commerciaux ou civils.
Grâce à sa conception adaptable, la plateforme peut accueillir une multitude de missions : télédétection, communications, imagerie, radar, et peut fonctionner sur n’importe quelle orbite. Le vol LM400 Demo visait précisément à démontrer ces capacités opérationnelles en orbite afin de convaincre les futurs clients des performances et de la polyvalence du véhicule spatial.
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