En septembre 1992, les autorités chinoises adoptent le projet 921 de programme de vols habités. Si le code peut sembler rébarbatif au premier abord, il donne de précieux renseignements sur les priorités chinoises. Les deux premiers chiffres indiquent l'année où le projet est entériné par le gouvernement chinois et le troisième indique l'ordre de priorité. On peut dès lors remarquer que dès 1992, les autorités chinoises accordent une priorité particulière au programme des vols habités.
Le projet 921 comprend trois volets qui vont de l'élaboration d'un vaisseau spatial habité à la construction d'une station spatiale.
La Phase I du projet a débuté dès l'adoption du programme par le gouvernement. Elle aboutit en novembre 1999 par le lancement réussi du premier vaisseau habitable Shenzhou. Il est suivi par trois autres entre janvier 2001 et décembre 2002. L'objectif était de valider le concept du Shenzhou, bien qu'il soit largement inspiré des vaisseaux russes Soyuz, notamment la partie récupérable.
Après le succès des missions non habitées Shenzhou 1 à 4, la fiabilité est suffisante pour autoriser l'embarquement d'un passager. Le 15 octobre 2003, le colonel Yang Liwey devient le premier y?háng yuán à s'envoler dans l'espace. Si «y?háng yuán» est le terme officiel pour désigner les astronautes chinois, dans le langage courant, on préférera « taïkonaute », certainement plus facile à prononcer.
La Phase II du projet se concrétise à partir de 2008 et la mission Shenzhou 7. A cette occasion, le taïkonaute Zhai Zhingang effectue une sortie extravéhiculaire de 22 minutes, ce qui permet de tester en conditions réelles la combinaison Feitian conçue par les ingénieurs chinois. Les missions suivantes serviront à valider l'amarrage entre deux vaisseaux et les vols de longue durée dans un laboratoire orbital.
La Phase III devrait débuter dès 2022 avec l'assemblage d'une station spatiale, amorçant la présence permanente de taïkonautes dans l'espace.
Réaliser un vaisseau spatial habité demande du temps et de nombreux essais. La Chine se tourne alors vers la Russie pour l'achat d'équipements utilisés pour Soyuz, notamment le système de sauvetage, le contrôle thermique, les dispositifs d'amarrage, le système de support vie du vaisseau russe.
De prime abord, on pourrait penser que Shenzhou est une copie du Soyuz, tant il y a des similitudes dans leur architecture respective, notamment le compartimentage en trois parties du vaisseau. Pourtant, il n'en est rien. S'il est vrai que la Chine a obtenu un vaisseau dépouillé de tout équipement spatial, elle a dû faire l'aménagement intérieur elle-même. Le module de commande est une version 13 % plus large que la version russe offrant un volume intérieur de 6 m3 ce qui permet d'embarquer un équipage de trois personnes.
Shenzhou est un vaisseau spatial deux en un avec un module orbital doté d'un jeu de panneaux solaires (selon les missions) et d'un système de propulsion propre. Le module orbital de Shenzhou joue un rôle bien différent de celui du Soyuz en étant un lieu de travail pour l'équipage et un vaisseau spatial à part entière. Alors que l'équipage est revenu sur Terre à bord du module de commande, le module orbital poursuit sa mission en effectuant des expériences automatisées durant plusieurs semaines.
Le vaisseau Shenzhou a été conçu pour être le taxi de l'espace chinois. Il peut accomplir des missions d'une durée de 15 jours en orbite basse ou s'amarrer à une station spatiale sur une période plus longue. Ultérieurement, il pourrait jouer un rôle dans des missions au-delà de l'orbite terrestre.
Sources