Dès la création de l'Académie de recherche n°5 en octobre 1956, les responsables du programme spatial décident de profiter de la technologie des missiles soviétiques pour développer leur arsenal. Quelques années plus tard, les Chinois procèdent aux premiers essais de leurs missiles Dong-Feng 2, 3 et 4:
Le 8 octobre 1956, le Comité Central du Parti Communiste Chinois créait l'Académie de recherche n°5. Celle-ci est placée sous l'autorité du Ministère de la Défense. L'Académie allait donner naissance à la CALT pour les fusées et à la CAST pour les satellites.
La CALT (China Academy Launch Vehicle Technology) est implantée depuis 1957 à Beijing. Plus de 25 000 personnes y travaillent. C'est dans cette académie que sont produites certaines versions de la Chang-Zheng. Il s'agit des versions 1D, 2A, 2E, 2F ainsi que le troisième étage des Chang-Zheng 3. Les autres versions sont fabriquées par la SAST (Shangaï Academy of Spaceflight Technology) qui emploie quelques 30 000 personnes.
Pourquoi deux chaînes de production? En fait, après la révolution culturelle qui a frappé la Chine dans les années 60 et 70, une partie du personnel de la CALT est allée s'installer à Shangaï. Depuis, les Chang-Zheng sont produites à Beijing et à Shangaï. Les fusées produites par les deux académies sont commercialisées par la CGWIC (China Great Wall Industry Corporation) l'équivalent chinois d'Arianespace.
La génération 3 des Chang-Zheng est entièrement dédiée à la mise sur orbite de transfert géostationnaire et au marché commercial avant qu'un embargo sur les technologies sensibles par les Américains ne le ferment. Ces lanceurs vont bénéficier de la propulsion cryogénique, le must dans la motorisation des fusées. La famille Chang-Zheng 3 va devenir le fer de lance des missions dédiées à l'orbite géostationnaire.
La première version de Chang-Zheng 3 est mise en service en 1984. Après trois vols, elle est remplacée par une version plus performante. En avril 1990, elle place sur orbite Asiasat 1, premier satellite d'occasion. Dans les années 80, il avait été lancé par la navette américaine sous le nom de Westar 6. Mais des problèmes techniques l'ont empêché de rejoindre son orbite définitive. Une autre navette est partie le rechercher quelques mois plus tard. Westar 6 est retourné dans les locaux de Hughes, son constructeur, pour subir un entretien avant d'être racheté sous le nom d'Asiasat 1.
Chang-Zheng 3A est une version 2D à laquelle on a ajouté un troisième étage cryogénique afin d'atteindre les performances requises pour l'orbite de transfert géostationnaire. Sa coiffe a également été adaptée aux besoins des satellites. Son premier vol remonte à février 1994.
Chang-Zheng 3B et Chang-Zheng 3C sont indissociables l'une de l'autre. Chang-Zheng 3B est équipée de 4 boosters à ergols liquides et a une coiffe pouvant atteindre 9,78 m de haut pour 4,20 de diamètre. La version 3C n'a que 2 boosters et sa coiffe, pour un même diamètre est plus courte de 40 cm. Elle doit remplacer la version 2E.
Au moment de sa conception qui remonte à 1982, la Chang-Zheng 4 devait servir de back-up à la Chang-Zheng 3 pour le lancement des satellites de communications sur l'orbite de transfert géostationnaire. Après le succès obtenu lors du vol inaugural de la CZ-3 en janvier 1984, la Chang-Zheng 4 a été dévolue pour les lancements vers l'orbite héliosynchrone. Il reprend le premier étage de la CZ-2D et le second étage de la CZ-3.
Chang-Zheng 4A aura eu une carrière très courte, ne comptant que deux lancements entre 1988 et 1999 avant d'être remplacée par Chang-Zheng 4B.
Chang-Zheng 4C se distingue de Chang-Zheng 4B par un nouvel inter-étage reliant le premier du second étage et un troisième étage réallumable.
Depuis les années 90, le programme spatial chinois a montré une ambition en constante progression. Pour répondre à ses besoins, la Chine a développé une nouvelle génération de lanceurs dédiés à un type de missions.
Chang-Zheng 5 est le poids lourd de la famille. Il est bâti autour d'un corps central sur lequel sont accolés quatre propulseurs d'appoint. Dans cette configuration, la fusée est en mesure de lancer une charge de 23 tonnes sur l'orbite basse. Equipée d'un deuxième étage, ce sont 14 tonnes qui peuvent être transportés sur l'orbite de transfert géostationnaire. Il est même possible de rejoindre directement l'orbite géostationnaire. Pour se faire, l'étage optionnel YZ-2 dérivé de celui utilisé sur Chang-Zheng 3.
Chang-Zheng 5 est parfaitement taillée pour le lancement d'éléments de la future station spatiale chinoise mais également pour la mise sur orbite de gros satellites de télécommunications.
La nouvelle génération de lanceurs chinois dispose d'un nouveau centre spatial à Wenchang sur la côte nord-est de l'île de Hainan. Situé plus au sud, il est beaucoup mieux situé que Xichang, offrant un gain de performance aux fusées.
Sources