Dimanche, une fusée Electron a décollé de Nouvelle-Zélande, transportant une charge inhabituelle : le satellite japonais ADRAS-J, dédié à l'exploration des technologies de rendez-vous avec un important débris spatial en orbite autour de la Terre.
L'engorgement de l'orbite terrestre préoccupe depuis des années les opérateurs spatiaux. Des règles ont été instaurées pour décongestionner les altitudes prisées, incluant la désorbitation des étages de fusées et le déplacement des satellites vieillissants vers des orbites « cimetière » ou basses, accélérant ainsi leur rentrée atmosphérique.
Bien que des mesures aient été prises, le danger persiste. Avec le nombre croissant de lancements effectués chaque année à travers le monde, il aurait même tendance à augmenter. Néanmoins, des solutions émergent, ouvrant la voie à une variété de services en orbite, principalement proposés par le secteur privé.
Northrop Grumman a innové avec le développement du MEV (Mission Extension Vehicle), un remorqueur spatial conçu pour prolonger la durée de vie des satellites de télécommunications en orbite géostationnaire. En parallèle, plusieurs autres entreprises se consacrent à la résolution de ce défi crucial. Parmi elles, la société japonaise Astroscale, fondée en 2013 par l'entrepreneur Mitsunobu Okada, se distingue avec son projet ADRAS-J.
ADRAS-J (Active Debris Removal by Astroscale) est un satellite pesant 150 kg, ayant pour objectif d'approcher et de caractériser en toute sécurité le deuxième étage de la fusée japonaise H-IIA, utilisée en 2009 pour le déploiement du satellite Gosat.
En 2020, l'agence spatiale japonaise JAXA a sélectionné le projet Astroscale pour la Phase I du programme Commercial Removal of Debris Demonstration Project. Cette étape vise à évaluer les technologies nécessaires à l'approche et au rendez-vous avec une cible non coopérative, en recueillant des images pour analyser le mouvement et l'état de sa structure. Des caméras opérant sous différentes longueurs d'onde seront utilisées dans cette démarche.
La phase II de CRD2, qui n'a pas encore fait l'objet d'un contrat, portera sur la capture et l'élimination des débris spatiaux.
La cible non coopérative pour ce premier test est représentée par un étage inerte mesurant 11 mètres de long sur 3 mètres de diamètre, pesant environ 3 tonnes, et se déplaçant à une vitesse d'environ 7,5 km/seconde. Ne possédant pas la technologie nécessaire pour l'amarrage, l'entretien ou la capture, et dépourvu de tout dispositif actif pour déterminer son orbite et son contrôle d'attitude, l'étage de la fusée répond pleinement aux exigences de la Phase I du programme.
Après son injection en orbite, ADRAS-J se dirigera vers sa cible sur une orbite héliosynchrone atteignant environ 600 km d'altitude. Le satellite recueillera diverses données de navigation concernant l'étage, notamment la distance et l'attitude, démontrant ainsi l'efficacité des technologies RPO (Rendezvous and Proximity Operations) dans l'approche sécurisée des cibles non coopératives. Les données LiDAR, les caméras infrarouges et les images visibles seront exploitées pour modéliser la forme de la cible et ses mouvements. Astroscale estime que la mission du satellite ADRAS-J devrait s'étendre sur une période de 3 à 6 mois.
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