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Photo White House/Robert Knudsen

Apollo 11: 50 ans - Partie 2

17-07-2019 (Màj: 17-07-2019) Philippe Volvert

Il y a tout juste 50 ans, la mission Apollo 11 venait de décoller pour prendre la route vers la Lune. Objectif : Se poser à surface lunaire.

Pour célébrer cet anniversaire, Destination Orbite compte mettre les petits plats dans les grands en proposant une série d'articles et interviews qui couvriront les neuf jours de la mission Apollo 11.

17 juillet 2019

Vingt-quatre heures après son lancement, la mission Apollo 11 est en transit entre la Terre et la Lune. Aucun évènement majeur n'a marqué cette seconde journée du vol historique de Neil A. Armstrong, Buzz E. Aldrin et Michael Collins. Une occasion pour redécouvrir avec Paul Cultrera les raisons qui ont poussé les Etats-Unis à se lancer dans la course à la Lune et les difficultés rencontrées par la NASA pour mener à bien le défi lancé par le Président Kennedy en mai 1961.

Pouvez-vous vous présenter ?

Bonjour, je m'appelle Paul Cultrera, j'ai 43 ans je suis le webmaster du site De la Terre à la Lune consacré au programme Apollo.

En mai 1961, le Président Kennedy engage les Etats-Unis dans la course à la Lune. Qu'est-ce qui l'a poussé dans une telle aventure ?

Qu'est ce qui a poussé Kennedy dans cette aventure... d'après ce que j'ai lu, pour lui, l'espace pouvait incarner un terrain d'entente neutre entre les deux Grandes puissances. Dans cet environnement, la Lune offrait un excellent catalyseur capable par la suite d'étendre un climat de confiance aux questions vraiment dignes d'intérêt : la sécurité et le nucléaire. (source, livre : John F. Kennedy and the Race to the Moon de John M. Logsdon).

Où en étaient les Etats-Unis dans le programme des vols spatiaux habités au moment où Kennedy lance son défi ?

Il y eu juste un vol et encore un vol suborbital celui de Shepard le 5 mai 1961 (discours de Kennedy devant le congrès le 25 mai 1961), le tout premier du programme Mercury totalisant une durée totale de 15 min et 28 secondes.

Lorsqu'il a fallu concrétiser le voyage vers la Lune, la NASA partait de rien ou presque. Quelles ont été les plus grandes difficultés et les plus grands défis qu'elle a du relever ?

Savoir si l'homme pouvait vivre et travailler dans l'espace. Savoir si le rayonnement ionisant posait problème pour leur santé. L'astro-navigation, l'informatique, sont quelque une des grandes difficultés et défis à relever.

Quelles sont les principales étapes qui ont été nécessaires pour rendre le voyage vers la Lune possible ?

Avec Mercury, les différents objectifs étaient de mettre un homme en orbite terrestre, d'étudier les effets de l'apesanteur sur l'organisme et de mettre au point un système de récupération fiable de l'engin et de son pilote.

Avec Gemini, on apprenait à maitriser des techniques de vol spatial tel que les manoeuvres orbitales dont le rendez-vous spatial et les EVA (sorties extravéhiculaires).

Avant de marcher sur la Lune, la NASA a dû réfléchir longuement à la meilleure façon de s'y rendre, étudier toutes les options possibles, déterminer les vaisseaux qu'elle aurait besoin. Pouvez-vous nous expliquer comment elle a fini par choisir le rendez-vous en orbite lunaire ?

A ma connaissance il a eu 3 méthodes envisagées pour envoyer l'homme sur la Lune.

  • L'envoi direct ou « Direct Ascent » avec utilisation d'un lanceur de très forte puissance (la Nova) pour envoyer le vaisseau complet vers la Lune. Celui-ci atterrissait entier sur la Lune et à la fin de sa mission son module de commande et de service se séparaient et repartaient pour la Terre.
  • Le rendez-vous orbital autour de la Terre (Earth-Orbit Rendez-vous) : ce scénario limite les risques et le coût de développement du lanceur Nova. Les différentes parties du vaisseau sont envoyés en orbite terrestre par deux lanceurs ou plus. Ces éléments sont assemblés en orbite. Par la suite, le déroulement du vol est similaire à celui de la première méthode.
  • Le rendez-vous en orbite lunaire (Lunar Orbital Rendez-vous ) : un seul lanceur est requit mais le vaisseau spatial se compose de deux sous-ensembles qui se séparent une fois qu'ils sont en orbite lunaire. Un module dit « lunaire » (le LM) se pose sur la Lune avec deux des trois astronautes et en décolle pour les ramener jusqu'au module de commande (CM), resté en orbite lunaire Ce dernier prend en charge le retour des astronautes vers la Terre. Cette méthode permet d'économiser de la masse par rapport aux deux autres (beaucoup moins de combustible est nécessaire pour faire alunir puis décoller les hommes sur la Lune) et permet de concevoir un vaisseau destiné à sa mission proprement lunaire. En outre, le lanceur à développer est moins puissant que la Nova requise par la première méthode. Merci à John Houbolt, sa clairvoyance et son obstination.

NDLR : John Houbolt est l'ingénieur qui a milité de longs mois pour faire approuver la méthode du rendez-vous en orbite lunaire, qui n'était pas la préférence de la NASA au départ, loin de là.

Pour les missions Apollo, la NASA a dû développer une fusée super puissante. Saturn V explose tous les records en taille, en puissance, en capacité, .... Aujourd'hui, elle reste LA référence en matière de lanceurs spatiaux. Comment peut-on l'expliquer ?

Malgré le choix du LOR, il fallait tout de même envoyer environ 50 tonnes vers la Lune, les ingénieurs des années 60 ont donc du concevoir un lanceur capable de mettre en orbite les composants du train spatial complet (CSM + LM). Je pense qu'après le programme Apollo, elle aurait pu être utilisée pour lancer des stations orbitales finalisée (exemple avec Skylab) ou des constellations de satellites. Mais des « mauvais » choix (navette spatiale) lui ont coupés l'herbe sous le pied.

Se poser sur la Lune a nécessité de concevoir un véhicule spécifique (module lunaire) pour cette partie de la mission. Cela a été un grand challenge pour les ingénieurs impliqués dans son développement. Quelles sont été les étapes de son développement et les difficultés rencontrées avant qu'il ne soit validé pour le transport des astronautes ?

Le LM est en réalité 2 vaisseaux qui devaient fonctionner synchro. Sa mise au point fut laborieuse notamment à cause de sa masse excessive , il a fallu revoir plusieurs fois son design, il aura fallu pas moins de cinq maquettes réalisées par Grumman entre 1963 et 1964 (la dernière M5 en octobre 1964) pour mettre au point et faire valider par la NASA les spécifications du LM. C'est son étage de remontée qui fut profondément remanié : suppression des sièges remplacés par des harnais, mis en place d'hublot plus petit, 1 seul point d'amarrage au lieu des 2 initialement prévus.

Discours de Kennedy en septembre 1962

Sources

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