On n'y croyait plus vraiment mais le miracle s'est produit. La sonde Rosetta en orbite autour de la comète 67P Churyumov-Gerasimenko a capté un signal provenant du robot Philae pendant 2 minutes ainsi que 40 secondes de données. C'est une très bonne nouvelle pour l'équipe en charge de la mission qui avait perdu tout contact avec l'engin depuis 7 mois. Lors de son atterrissage mouvementé le 12 novembre dernier, il s'était coincé après plusieurs rebonds entre deux falaises qui bloquaient la lumière solaire nécessaire à la recharge des batteries. Depuis, Rosetta avait tenté de localiser l'endroit exact où il s'était posé mais en vain. Il y a quelques jours, en analysant des clichés pris par la sonde en décembre dernier, on a découvert une tache brillante non loin de la position estimée par les chercheurs. Aucune confirmation officielle n'a été faite, mais il ne serait pas étonnant que cette tache soit le reflet du Soleil sur les parois de Philae, d'autant plus qu'aucune activité cométaire n'a été observée dans cette région.
Quelle est la suite du programme ? Si le signal a été reçu, la partie est loin d'être gagnée pour autant. D'après les premières données, Philae possède une puissance de 24 Watts et fonctionne avec une température de -35°C. L'agence spatiale européenne indique ainsi avoir reçu 300 paquets sur les 8 000 en mémoire disponible. Ce matin, Rosetta devait à nouveau survoler la zone où Philae se cache avec l'espoir de capter un nouveau signal mais elle n'a rencontré que le silence. La tâche est rendue compliquée par le fait que l'endroit et la position exacte dans lesquels se trouvent le robot ne sont pas connus, ce qui rend les communications plus difficiles. Toutefois, si l'orientation de Philae n'est pas trop mauvaise, les communications devraient s'améliorer dans les prochaines semaines. En effet, la comète approche doucement de son périhélie (partie de son orbite la plus proche du Soleil) avec des conditions d'ensoleillement meilleures. Les batteries profiteront de ce gain de luminosité pour augmenter de façon significative leur recharge. Pour communiquer efficacement avec le robot, il est nécessaire de pouvoir tenir au moins une demi-heure. Selon les responsables de la mission, cela devrait être le cas d'ici une à deux semaines.
Lorsque les conditions de communication entre Rosetta et Philae seront améliorées, les séquences informatiques seront téléchargées sur le robot et le travail pourra reprendre là où s'était arrêté en novembre dernier. Les responsables de la mission devront déterminer quels instruments peuvent être utilisés sans compromettre la fragile stabilité du robot sur la surface de la comète. On sait que les harpons sensés l'ancrer dans la glace n'ont pas fonctionné et qu'il est coincé contre une paroi. Il faudra tenir compte de ces éléments pour éviter qu'une secousse trop brusque n'expédie dans l'espace le robot et qu'il ne se perde à jamais.
Philae est la cerise sur le gâteau dans cette mission riche en découvertes. Le noyau de la comète semble très poreux, avec une densité inférieure à celle de l'eau liquide. Par ailleurs, l'analyse chimique de la glace écarte la théorie selon laquelle les comètes seraient à l'origine de la présence de l'eau sur notre planète. Elle serait d'une composition différence que celles de nos étendues liquides. Les paysages géologiques sont très complexes contrairement à ce que l'on aurait pu penser. En orbite autour de Churyumov-Gerasimenko, la sonde Rosetta survole tantôt des plaines sablonneuses, tantôt des falaises qui peuvent monter jusqu'à 900 m. L'instrument VIRTIS a mis au jour la présence d'acides aminés, les "briques" moléculaires à l'origine de la vie. Il est fort à parier que cette mission à rebondissement nous réserve encore de belles surprises.
Sources
A lire aussi