Dans une publication de la revue « Nature Astronomy », deux chercheurs de l'Université Gabriele-d'Annunzio en Italie ont identifié deux volcans entrés en éruption sur Vénus au début des années 90. Cette découverte repose sur l'analyse des données radar recueillies lors de la mission Magellan, qui a permis de cartographier 98 % de la surface de la planète entre septembre 1990 et octobre 1994.
Ce n'est pas la première fois qu'une activité volcanique est repérée sur Vénus. En 2023, le professeur-chercheur Robert Herrick de l'Université d'Alaska à Fairbanks a remarqué des changements significatifs dans l'aspect de Maat Mons en seulement quelques mois. Maat Mons est un volcan bouclier vénusien qui s'élève à environ 8 km au-dessus du rayon moyen de la planète, le plaçant comme le plus haut volcan de Vénus. Le volcan est situé à Atla Regio, une vaste région montagneuse près de l'équateur de Vénus et qui abrite deux des plus grands volcans de la planète.
Lors du survol de la région par la sonde en février 1991, Maat Mons avait une forme presque circulaire, couvrant une superficie de moins de 2,2 kilomètres carrés. Il avait des parois intérieures abruptes et présentait des signes de lave drainée le long de ses pentes extérieures, laissant entrevoir une activité volcanique. En octobre de la même année, Maat Mons avait doublé de taille et sa forme avait évolué. Il semblait également contenir un lac de lave rempli jusqu'au bord.
L'analyse des données a été compliquée par la faible résolution des images radar et par le fait que les observations ont été effectuées sous des angles de vue opposés, ce qui a rendu difficile la comparaison des perspectives.
Les chercheurs en planétologie italiens Davide Sulcanese et Giuseppe Mitri ont récemment apporté de nouvelles preuves géologiques directes de l'activité volcanique récente sur Vénus. Avec l'expertise de Marco Mastrogiuseppe, spécialiste du traitement des données radar, ils ont scruté le volcan Sif Mons dans la région d'Eistla ainsi que la partie occidentale de Niobe Planitia, réputée pour ses nombreux éléments volcaniques. Pour faciliter l'analyse des images radar, Sulcanese et Mitri ont concentré leur attention sur des images prises sous des angles de vue similaires, couvrant approximativement 16 % de la surface de Vénus.
L'exploitation des données collectées par la sonde Magellan a révélé des changements dans la signature radar observées sur le flanc ouest du volcan Sif Mons et à l'ouest de la plaine Niobe. Divers scénarios ont été envisagés pour expliquer ces fluctuations, mais la présence de nouvelles coulées de lave contemporaines à l'époque de la mission semble être la conclusion la plus plausible qu'ils aient pu établir.
En se basant sur les caractéristiques de la lave terrestre, les scientifiques ont adapté ce modèle aux éruptions sur Vénus. Leur estimation suggère que l'éruption du Sif Mons a généré environ 30 kilomètres carrés de roche, tandis que celle de Niobe Planitia en a produit environ 45 kilomètres carrés, soit la moitié de ce qu'a produit l'éruption du Mauna Loa à Hawaï en 2022.
Bien que les preuves en faveur d'une activité volcanique récente sur Vénus s'accumulent, les scientifiques ne disposent actuellement que des données vieilles de 30 ans de la sonde Magellan pour étayer cette affirmation. Cependant, dans les années à venir, ils pourront s'appuyer sur deux nouvelles missions équipées de radars beaucoup plus performants.
Lors de la fenêtre de lancement de 2031, la NASA et l'ESA prévoient d'envoyer respectivement les sondes VERITAS et EnVision vers Vénus. Chacune de ces sondes est équipée de plusieurs instruments scientifiques, notamment un radar. Ce radar sera utilisé pour cartographier la surface de Vénus à l'échelle globale, avec une résolution pouvant atteindre 15 mètres pour certaines régions, et pour établir une carte topographique des reliefs avec une résolution de 250 mètres, comparée aux 15-27 kilomètres de résolution de la sonde Magellan.
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