Même si ce n'est pas vraiment une surprise, la nouvelle est tombée jeudi après-midi. Par la voix de son directeur général Josef Aschbacher, l'Agence Spatiale Européenne a fait savoir à l'agence spatiale russe Roscosmos qu'elle suspendait sa collaboration dans le cadre de la mission Exomars 2022 qui devait décoller du cosmodrome de Baïkonour en septembre prochain.
La décision a été prise à l'unanimité par le Conseil de l'ESA, réunissant les 22 pays membres de l'ESA, au terme d'une réunion qui devait permettre de clarifier officiellement la situation sur certaines missions en cours, notamment Exomars 2022.
Au lendemain de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, l'ESA avait annoncé vouloir appliquer pleinement les sanctions imposées à la Russie par ses états membres, tout en évaluant les conséquences sur chacun des programmes en cours menés en coopération avec Roscosmos. Au sortir d'une réunion du Conseil de l'ESA du 28 février 2022, l'agence spatiale soulignait que « les sanctions et le contexte général rendaient très improbable un lancement (NDLR : d'Exomars) en 2022 ».
Le Conseil a enjoint Aschbacher d'analyser toutes les options possibles et préparer une décision officielle sur la marche à suivre par les états membres de l'ESA. Et c'est cette décision qui est tombée ce jeudi après-midi.
En raison de l'impossibilité actuelle de mener à bien la coopération avec Roscosmos, il a été décidé de suspendre les activités de coopération dans le cadre de la mission Exomars 2022. Toutefois, une étude industrielle accélérée va être organisée pour définir les scénarios possibles pour mener à bien la mission du rover européen.
Le rôle de la Russie dans la mission Exomars est loin d'être insignifiant. C'est en 2012 qu'un accord de partenariat est signé entre les agences spatiales russe et européenne pour mener à bien un projet qui battait de l'aile après le désistement de la NASA pour des raisons budgétaires.
Exomars 2022, qui devait décoller à l'origine en 2018, est constituée du module de descente et d'atterrissage russe Kazatchok qui emporte un équipement scientifique et de l'astromobile européen Rosalind Franklin. Le rover en lui-même comprend des instruments russes et des unités de chauffage à radio-isotopes fournies par la Russie. L'ensemble devait être lancé par une fusée Proton. Comme on peut le voir, la quote-part russe au projet est très importante.
Quelles alternatives sont envisageables ? L'ESA pourrait faire cavalier seule mais ça nécessitera de partir de 0 pour remplacer toute la partie russe et de trouver un lanceur disponible pour le créneau de lancement. Pour Aschbacher, « la coopération avec la NASA est une option », d'autant plus que l'agence spatiale américaine a montré des signes de soutiens importants à ce sujet.
Pour l'heure, rien n'a encore été décidé mais pour Exomars, « ce ne sera pas avant 2026, de manière réaliste » selon les propos tenus par le directeur de l'ESA.
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