Les données radar collectées par la sonde européenne Mars-Express montrent qu'il existe un lac d'eau liquide enfoui sous la couche de glace et de poussière dans la région polaire Sud de Mars.
On sait qu'il y a 3,6 milliards d'années, le climat martien était très différent de celui que nous connaissons aujourd'hui. Les nombreuses missions ont apporté la preuve qu'à cette époque de l'eau liquide s'écoulait sur Mars. Les orbiters et rovers ont mis en évidence la présence de vallées fluviatiles asséchées, d'anciens canaux d'écoulement, voire même des minéraux qui ne peuvent se former qu'en présence d'eau liquide. Depuis, la Planète Rouge est devenue un désert aride où les conditions atmosphériques ne permettent plus de maintenir l'eau sous forme liquide à la surface.
Les premiers résultats obtenus en 2003 par le radar MARSIS (Mars Advanced Radar for Subsurface and Ionosphere Sounding instrument) de la sonde montrent que la glace d'eau existe aux pôles de la planète, cachée dans les couches inférieures. Mais les scientifiques suspectaient l'existence d'étendues liquides sans en avoir la preuve, les données radar étant non concluantes à ce sujet.
Sur Terre, le point de fusion de l'eau diminue sous la pression d'un glacier. En présence de sel, il réduit davantage ce point de fusion et permet de maintenir l'eau liquide, même à des températures inférieures à celui du point de congélation. Jusqu'à présent, il n'avait pas été possible de transposer ce modèle à la planète Mars, faute de pistes concrètes.
L'équipe en charge de MARSIS a mis en place une nouvelle technique pour recueillir les données en haute résolution. Le radar émet une onde vers la surface et en mesurant le temps qu'il faut pour revenir et sa puissance, il est possible de déterminer les propriétés du matériau.
Vingt-neuf séances d'observation ont été réalisées avec cette technique entre 2012 et 2015 dans la région de Planum Australe au pôle Sud de Mars. Le nouveau mode opératoire montre que la région étudiée, large de 200 km, est composée de plusieurs couches stratifiées constituées de glace et de poussière s'enfonçant jusqu'à environ 1,5 km de profondeur. Dans la zone cartographiée, on y observe un reflet particulièrement brillant de 20 km qui peut être interprété comme étant une poche contenant de l'eau liquide, probablement chargée en sel et sédiments saturés.
Si la nouvelle relance le débat sur l'existence d'une vie sur Mars, il faut toutefois rester prudent. Selon Fred Watson, de l'Observatoire astronomique australien, non impliqué dans l'étude, « la concentration de sels nécessaire au maintien de l'eau à l'état liquide pourrait être fatale à toute vie microbienne similaire à celle de la Terre ». Néanmoins, la nouvelle est un pas de plus dans la recherche exobiologique sur la Planète Rouge.
Cette anomalie a fait l'objet d'une publication dans la revue Science sous la plume de Roberto Orosei, chercheur principal de l'expérience MARSI et auteur principal de l'article.
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