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Photo Rocket Factory Augsburg

Micro-lanceurs européens : Qui aura la chance de pouvoir décoller de Kourou ?

12-01-2022 (Màj: 12-01-2022) Philippe Volvert

Le CNES vient de lancer un premier appel à candidature afin d'ouvrir le Centre Spatial Guyanais à des opérateurs de micro/mini-lanceurs. Elle fait suite à une demande d'utilisation des installations de lancement à Kourou pour des projets en cours de développement.

Depuis quelques années, le marché des microsatellites est en plein essor. En 2018, Arianespace estimait qu'il pourrait y avoir jusqu'à 500 satellites par an à lancer d'ici 2030. Dans une étude présentée au Congrès International d'Astronautique en 2019, 150 projets ont été recensés à travers le monde. Les Etats-Unis et la Chine ont ouvert la voie en proposant toute une gamme de lanceurs adaptés à une demande toujours plus forte. L'Europe n'est pas en reste et souhaite également sa part du gâteau d'un marché estimé à 400 millions de dollars.

Avec VEGA, Arianespace propose déjà un système de lancement partagé, programme SSMS (Small Spacecraft Mission Service), qu'elle a pu mettre en oeuvre pour la première fois en septembre 2020. A l'occasion du vol VV16 de la fusée européenne, 53 satellites ont pu être lancés en même temps. Un dispositif similaire sera également disponible sur Ariane 6 dont la mise en service est attendue au second semestre 2022.

L'agence spatiale française souhaite étendre d'avantage l'offre européenne en mettant à disposition les installations du centre spatial, notamment l'ancien pas de tir des fusées françaises Diamant, pour d'autres opérateurs. Les projets devront répondre à certains critères tels que l'impact social, économique et environnemental, mais aussi la maturité du projet. Les candidats ont jusqu'au 31 janvier 2022 pour déposer leur dossier. Le CNES les étudiera et présélectionneras ceux qui répondent le plus au cahier des charges. A termes, l'un d'eux pourrait obtenir l'autorisation de pouvoir opérer depuis le sol guyanais.

Les projets à travers l'Europe

Plusieurs startups à travers l'Europe planchent sur le développement de micro/mini-lanceurs. Quels sont les projets susceptibles de se concrétiser et de débarquer à Kourou ? Voici un panel des initiatives les plus connues.

En 2019, PLD Space et le CNES ont signé un accord préliminaire pour l'étude de faisabilité de lancement du mini-lanceur espagnol Miura 5 depuis Kourou. Cette fusée de 25 mètres de haut bénéficie également de l'appui de l'agence spatiale européenne qui a alloué 1 million d'euros pour étudier une version réutilisable. Son premier vol pourrait avoir lieu en 2024 et sa capacité serait d'environ 400 kg sur l'orbite basse.

L'espagnol Pangea Aerospace développe sa fusée MESO qui pourra emmener 150 kg sur l'orbite basse. Sa conception est innovante puisqu'elle fait appel à un moteur aerospike qui a l'avantage de pouvoir s'adapter à toutes les pressions atmosphériques. Avantage qui permettra de récupérer à la verticale le premier étage de la fusée et pouvoir le réutiliser une dizaine de fois.

En Allemagne, trois projets sont en cours de développement. L'un des plus connus est sans doute RFA One de la société bavaroise Rocket Factory Augsburg, filiale du groupe OHB-System. La fusée pourrait emporter une charge de 1 600 kg sur orbite basse. Sa mise en service devrait avoir lieu en 2022. RFO One est l'un des trois projets soutenus par l'agence spatiale européenne dans le cadre de l'« ESA's Commercial Space Transportation Services and Support programme » visant à soutenir les initiatives pour fournir un service de transport spatial à prix réduit.

La société HyImpulse Technologies GmbH, filiale de l'agence spatiale allemande DLR, planche sur Small Launcher qui pourra emporter une charge utile de 500 kg sur l'orbite basse à partir de 2023.

Isar Aerospace travaille sur la fusée Spectrum. Haute de 28 mètres, elle pourra lancer jusqu'à 1 000 kg sur orbite basse. Son vol inaugural est attendu d'ici la fin de l'année.

La France n'est pas en reste puisque trois projets sont en cours de développement à l'Hexagone dont un est mené par ArianeGroup, maison mère de la fusée européenne Ariane.

Zephyr est un nano-lanceur de 15 mètres de haut, conçu par Venture Orbital et fait appel à l'impression 3D. Le premier tir est prévu en 2024 et la startup ambitionne jusqu'à 20 lancements par an à compter de 2026.

Tout comme MESO, la fusée OB-1 de Hybrid Propulsion utilisera un moteur à tuyère aerospike. Il est également prévu de réutiliser la partie basse du lanceur. Sa capacité sera d'environ 200 kg sur l'orbite basse.

Maïa Space est un de lanceur léger partiellement réutilisable initié par ArianeGroup et qui sera capable de placer entre 500 kilogrammes et une tonne en orbite terrestre basse. Son développement reposera sur le démonstrateur Themis dont les essais débuteront dans le courant de l'année à Esrange, près de Kiruna en Suède. Les technologies développées pour Maïa Space pourront servir ultérieurement pour les prochaines générations des fusées Ariane.

La liste des projets cité n'est pas exhaustive mais ce sont ceux qui ont la plus grande chance d'aboutir prochainement. Certains d'entre eux auront probablement la chance de partir depuis la Guyane.

Sources

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