Le premier lanceur sud-coréen de fabrication nationale n'a pas atteint ses objectifs, ratant de peu l'orbite visée. Selon l'agence spatiale KARI, une analyse préliminaire des données télémétriques semblent indiquer un arrêt prématuré du moteur du troisième étage de la fusée.
Nuri a décollé jeudi matin du centre spatial de Naro avec un retard d'une heure sur l'horaire prévu afin de procéder à des vérifications complémentaires sur des vannes qui équipent la fusée.
La mise à feu est intervenue à 08 heures UTC depuis le complexe de lancement, construit sur une île à 500 kilomètres au sud de Séoul. Durant deux minutes, les quatre moteurs KRE-075 du premier étage ont consommé environ 130 tonnes d'ergols, délivrant une poussée de 2 616 kN.
Les conditions météorologiques favorables ont permis à la télévision nationale de proposer des images en direct pendant de longues minutes. Le deuxième étage, équipé d'un unique moteur KRE-075, a fonctionné de façon nominale durant les deux minutes de vol qui lui était imparties. La coiffe qui recouvrait la partie haute de la fusée s'est séparée comme prévu.
Après cinq minutes de vol, le troisième étage est entré en action avec l'allumage du moteur KRE-007. Celui-ci devait brûler un mélange d'oxygène liquide et de kérosène durant 521 secondes et assurer la mise sur orbite d'un satellite factice à 700 km au-dessus de la Terre.
Au bout de 475 secondes, le moteur s'arrête prématurément. Néanmoins la charge utile a été déployée à l'instant prévu et à l'altitude visée mais à la vitesse de 7,5 km/s. Insuffisant pour se maintenir en orbite terrestre. Elle finit par plonger dans l'atmosphère où elle se désintègre.
Dans un discours prononcé au centre spatial peu le lancement, le Président Moon Jae-in a salué les efforts des ingénieurs pour le travail accompli.
« Bien qu'il n'ait pas atteint parfaitement ses objectifs, nous avons réalisé de très belles prouesses avec notre premier lancement. »
Une commission d'enquête va être mise sur place pour déterminer les causes exactes de l'échec. Alors que l'on ne connaît pas encore les raisons qui ont conduit à la perte de la mission, le KARI envisage un second vol dans le courant du mois de mai 2022. Cette fois, elle embarquera NextSat 2, un satellite de démonstration utilisant un radar en bande X de 150 kg.
Nuri, connu également sous l'acronyme KSLV-II (Korean Space Launch Vehicle 2), est un projet initié en 2012 et qui vise à doter la Corée du Sud d'un lanceur de conception nationale.
Placé sous la responsabilité de l'agence spatiale KARI (Korea Aerospace Research Institute), le développement de Nuri aura coûté la bagatelle de 1,46 milliard EUR. Il comprend notamment la mise au point des moteurs et des installations de lancement. Korea Aerospace Industries et Hanwha Aerospace assurent la production de la fusée.
Haute de 47,2 mètres, Nuri est constituée de trois étages à ergols liquides, consommant un mélange d'oxygène liquide et de kérosène. Au décollage, elle pèse un peu plus de 200 tonnes.
Nuri est conçue pour transporter une charge de 2,6 tonnes sur orbite basse ou 550 kg sur l'orbite de transfert géostationnaire.
Vol inaugural Nuri - KARI
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