Ariane a réussi brillamment sa 256ème mission en plaçant sur orbite le James Webb Space Telescope. L'annonce de la séparation du plus performant télescope jamais envoyé dans l'espace a été un soulagement pour toutes les équipes en charge du lancement. L'euphorie était de mise en ce jour de Noël au Centre Spatial Guyanais après des semaines éprouvantes.
S'il y avait un lancement que la fusée européenne devait impérativement réussir, c'était celui-ci. Il faut dire que sous la coiffe se trouvait un satellite exceptionnel à plus d'un titre. Tout d'abord, c'était la première fois que la NASA confiait le lancement de l'un de ses satellites à la fusée européenne. Ensuite, la mise en oeuvre de cet instrument ultra-puissant a pris un retard considérable, alourdissant la facture d'année en année. Et enfin, cette mission est l'une des plus attendues par la communauté scientifique avec la perspective de faire de nouvelles découvertes dans l'Univers.
Le ciel était de plomb à Kourou en ce 25 décembre, faisant craindre à un nouveau report du lancement. Mais finalement, la chronologie s'est déroulée de façon parfaite avec un décollage à 12 heures 20 TU.
Rapidement, la fusée européenne a joué à cache-cache avec les nuages, poursuivant son ascension durant les 27 minutes de vol. Comme lors de la répétition générale, toutes les phases du lancement se sont déroulées de façon nominale avec une séparation du JWST à l'heure dite, sous un tonnerre d'applaudissements.
L'annonce faite par Jean-Luc Voyer, le directeur des opérations, a été une véritable délivrance pour les équipes d'Arianespace mais également pour les agences spatiales impliquées dans le programme. Ce n'est pas tous les jours que l'on envoie en orbite un bijou technologique d'une valeur estimée à 10 milliards $. Les Européens n'avaient pas droit à l'erreur, d'autant plus que la campagne de lancement était suivie de très près par la prestigieuse NASA. Suffisant pour mettre une certaine pression sur le personnel en charge de la préparation du lancement.
A l'approche de la retraite, Ariane 5 a démontré une fois de plus son excellente fiabilité. Si la première étape de la mise en service du James Webb Space Telescope est un succès complet, le télescope devra en franchir d'autres dans les prochaines semaines avant qu'il ne soit déclaré pleinement opérationnel.
Une fois séparé de l'étage supérieur d'Ariane 5, James Webb Space Telescope a déployé son panneau solaire pour fournir l'énergie nécessaire à son fonctionnement. Aujourd'hui, le télescope est en route pour sa destination finale, le point Lagrange L2, à 1,5 million de kilomètres de la Terre. JWST mettra un mois pour atteindre son orbite de travail, mais d'ici là, il va devoir se déployer suivant une procédure bien établie.
Dans un premier temps, James Webb va étendre son pare-soleil géant afin de protéger son optique et ses instruments de la chaleur émise par le Soleil pour maintenir une température constante de - 233°C alors que la face exposée à notre étoile sera chauffée à 85°C.
Avant d'arriver à destination, James Webb dépliera les parties mobiles du télescope à proprement parlé. Les flexibles de la structure de support du miroir secondaire seront mises en position finale puis les deux ailes latérales du miroir primaire. Ce dernier atteindra alors sa taille maximale, soit 6,5 mètres de diamètre.
Arrivé à son point de rendez-vous avec la science, le télescope débutera la phase de tests. Durant six mois, ses instruments seront vérifiés et calibrés. Ce n'est qu'au courant de l'été que les premières observations scientifiques en tant que telle débuteront.
Considéré comme le successeur du télescope spatial Hubble, James Webb est ce qui se fait de mieux dans le domaine de l'astronomie spatiale.
Fruit d'une coopération entre la NASA, l'ESA (Europe) et la CSA (Canada), le JWST est un monstre d'un peu plus de six tonnes, constitué essentiellement d'un puissant télescope dont le miroir primaire affiche un diamètre de 6,5 mètres. Celui-ci est une prouesse technologique puisqu'il est constitué de 18 segments de miroir en béryllium recouverts d'or, replié sous la coiffe d'Ariane durant le lancement. En orbite, les deux parties latérales doivent se déployer pour reformer le miroir complet.
Le télescope est conçu pour répondre à des questions essentielles sur l'Univers. Pour se faire, il est équipé de quatre instruments de pointe centrés sur l'observation dans les longueurs d'ondes allant de l'infrarouge proche à l'infrarouge moyen.
Cent fois plus sensible que Hubble, le JWST pourra détecter la lumière infrarouge générée par les galaxies lorsqu'elles se sont formées il y a plus de 13,5 milliards d'années, quelques centaines de million d'années seulement après le Big Bang. Il sera également en mesure de rechercher des planètes présentant un potentiel pour abriter la vie.
La mission primaire du JWST est prévue pour durer 5 ans mais elle sera très certainement prolongée et pourrait atteindre minimum 10 ans.
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