L'agence spatiale française CNES et ArianeGroup s'unissent pour créer ArianeWorks, une initiative conjointe qui a pour objectif d'accélérer les cycles d'innovation et préparer des lanceurs européens du futur en impliquant de nouveaux acteurs, notamment des PME et autres startups innovantes. La signature du protocole a eu lieu aujourd'hui en présence de Frédérique Vidal, Ministre française de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation, Jean-Yves Le Gall, Président du CNES et André-Hubert Roussel, Président exécutif d'ArianeGroup.
ArianeWorks, c'est avant tout une petite équipe, constituée de treize personnes aux profils variés, qui aura pour mission de développer un lanceur partiellement réutilisable. Pour se faire, elle se basera sur les technologies conçues dans le cadre du programme Prometheus et Themis. A terme, les travaux déboucheront sur les futures évolutions de la fusée européenne Ariane.
Prometheus (Precursor Reusable Oxygen METHan cost Effective Engine) est un moteur à flux dérivé consommant un mélange oxygène et méthane liquides. Ses différents composants sont fabriqués par des imprimantes 3D à l'usine d'ArianeGroup basée à Vernon dans l'Eure. Associés à une cadence de production intensive, on parle d'un moteur par semaine, il sera possible de réduire par 10 le coût de fabrication par rapport au moteur Vulcain qui équipe Ariane 5. Les premières mises à feu sont prévues sur le banc d'essai en Allemagne dans le courant de l'année prochaine.
Themis est un démonstrateur de premier étage réutilisable à très bas coût. Il sera équipé du moteur réutilisable Prometheus financé par l'agence spatiale européenne. Préfigurant les étages des futurs lanceurs Ariane, le prototype sera testé à l'horizon 2025. A l'issue de son vol, il sera récupéré suivant le mode "toss back", avec un atterrissage à la verticale non loin du site de lancement.
En parallèle, le CNES et ArianeGroup se sont associés aux agences spatiales allemande (DLR) et japonaise (JAXA) pour mettre au point un premier démonstrateur réutilisable. Callipso mesurera 13,5m de haut pour un poids de 3,4 tonnes au décollage. Il devrait être testé entre 2020-2021 depuis Kourou au cours de plusieurs lancements. Après être monté à 35 km d'altitude, il devrait revenir se poser dans une zone qui reste à aménager entre le pas de tir Ariane 5 et celui de Soyouz.
Jusqu'à présent, l'Europe spatiale se cantonnait aux lanceurs consommables, ne voyant aucun intérêt économique aux réutilisables. Face à la concurrence de SpaceX et prochainement de Blue Origin, ArianeGroup a du revoir sa position et s'intéresser aux lanceurs réutilisables. Selon les dernières estimations, Ariane Next pourrait revenir deux fois moins chère à produire qu'Ariane 6. Pour cette dernière, les industriels étaient déjà parvenus à abaisser de moitié les coûts de production par rapport à Ariane 5.
Rien n'est encore décidé à l'heure actuelle au niveau européen mais les démonstrateurs en cours de développement pourraient conduire à une simple évolution d'Ariane 6 ou préfigureront une nouvelle lignée de lanceurs Ariane à l'horizon 2030.
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