C'était le grand jour pour la NASA avec le décollage d'Ares I-X, le prototype d'essai de la fusée qui doit remplacer à terme la navette spatiale. Son lancement s'est effectué ce mercredi à heures 16 heures 30 UTC depuis le pas de tir 39B du Kennedy Space Center. Aucune mise sur orbite prévue mais 700 capteurs placés sur la structure de l'engin afin de mesurer son comportement durant le vol. Après un décollage parfait, la fusée est montée pendant 124 secondes jusqu'à environ 40 km d'altitude. Une fois qu'il a consommé tout son carburant, le premier étage s'est séparé du composite supérieur composé d'un second étage factice ainsi que d'une maquette représentative du futur vaisseau Orion. Le premier étage, construit à partir d'un booster de navette à 4 segments, surmonté d'un cinquième factice, a continué à grimper dans le ciel de la Floride pendant encore une quarantaine de seconde en mode balistique jusqu'à atteindre l'altitude de 46 km environ avant de commencer son plongeon vers l'Atlantique. Un premier parachute s'est déployé 6 minutes 16 secondes après le décollage avant de céder sa place aux parachutes principaux 24 secondes plus tard. L'étage a touché l'Atlantique 6 minutes et 9 secondes après le décollage. Dans les prochaines heures, les navires mouillant au large des côtes de Floride partiront à sa recherche pour le ramener à Terre pour expertise.
Cet exemplaire de démonstration devait permettre aux équipes de la NASA, non seulement de valider la définition technique du lanceur mais aussi de tester en grandeur réelle les procédures de lancement. Ainsi, Ares I-X avait pour objectif de tester le contrôle en roulis du lanceur, la séparation des étages, d'observer les charges aérodynamiques et thermiques sur le lanceur, le comportement du premier étage pendant la phase de récupération sans oublier les opérations d'intégration, d'assemblage et de lancement.
Bien qu'assez éloigné du véhicule de lancement opérationnel, Ares I-X a permis de démontrer que le projet était viable malgré les critiques énoncées à son encontre, même à l'intérieur de l'agence spatiale américaine. Certes, le choix du remplaçant de la navette est encore un sujet à polémique, notamment après la remise du rapport Augustine il y a quelques jours, mais l'essai concluant pourrait pousser Charles Bolden, le patron de la NASA, à continuer sur la voie tracée par ses prédécesseurs Sean O'Keeffe et Michael Griffin. Dans le cas contraire, cet essai n'aura pas de suite et il faudra trouver un autre moyen de transport pour les astronautes américains. Car dans quelques jours, la navette effectuera son 129ème lancement et sa mise à la retraite est déjà programmée d'ici 2010 voire 2011. La NASA devra trouver une solution pour la remplacer tout en réduisant au minimum sa dépendance vis-à-vis des Russes. Plusieurs solutions existent et ont été citées dans le Rapport Augustine. L'une d'elle serait de rendre les lanceurs Atlas V et Delta IV « man rated » c'est-à-dire viable pour le transport d'un équipage. Une autre solution serait de transférer ce travail à un opérateur privé comme SpaceX. Les prochaines semaines risquent d'être agitées à l'agence spatiale américaine.
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