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Chandrayaan 3
Photo ISRO

La Lune - L'Inde réussit là où la Russie échoue

24-08-2023 (Màj: 26-08-2023) Philippe Volvert

En l'espace de quelques jours, deux sondes avaient pour mission de réaliser un atterrissage en douceur dans la région polaire sud de la Lune. Si la première a fini par percuter la poussière lunaire à grande vitesse, la seconde a brillamment réussi son pari.

La perte de Luna 25

Le 10 août dernier, la Russie a lancé Luna 25, marquant ainsi sa première entreprise d'exploration lunaire depuis 1976, à l'époque soviétique. L'objectif primordial était de réaliser un atterrissage au nord du cratère Bogoulavsky quelques jours après le lancement, afin de tester et de confirmer les méthodes qui seront utilisées pour les missions ultérieures.

Contrairement aux missions Luna précédentes qui impliquaient la collecte d'échantillons lunaires à rapporter sur Terre ou le déploiement de rovers Lunakhod, l'ambition de Luna 25 était plus modeste. Considérée comme un prototype technologique, sa principale mission était de mettre à l'épreuve toutes les fonctionnalités cruciales nécessaires pour réussir un atterrissage sur la Lune. Néanmoins, la sonde transportait également quelques expériences scientifiques à bord et devait fonctionner au moins pendant un an.

Après un voyage de 6 jours qui s'est déroulé sans le moindre incident, Luna 25 a rejoint notre voisine, prenant position sur une orbite lunaire dont l'altitude oscillait entre 91,4 et 112,6 km. Deux jours plus tard, une première correction de trajectoire a été exécutée avec succès. Le lendemain à 11 heures 10 UTC, Luna 25 a reçu l'ordre d'allumer son moteur afin de réduire l'altitude de son orbite. Cependant, à 11 heures 57 UTC, le centre de contrôle a malheureusement perdu toute communication avec la sonde. Bien que l'optimisme ait initialement prévalu, il a vite cédé sa place à la déception : Luna 25 s'est écrasée à la surface lunaire. Une analyse préliminaire a révélé que le moteur était resté actif pendant 127 secondes au lieu des 84 prévues, entraînant ainsi une collision à grande vitesse de la sonde avec la poussière lunaire.

Luna 25 photographie la Lune
Avant de s'écraser sur la Lune, Luna 25 a fourni quelques images grâce à sa caméra embarquée - Photo NPO Lavochkin

La fin prématurée de Luna 25 risque d'avoir un impact sur la suite du programme. En effet, la mission devait avant tout permettre à l'industrie spatiale russe d'acquérir à nouveau les compétences perdues depuis la fin de l'Union Soviétique en matière d'exploration spatiale. Après la perte de Mars 96 en novembre 1996 et de Fobos-Grunt en janvier 2012, Luna 25 vient encore ternir plus le tableau des accomplissements russes au-delà de l'orbite terrestre.

Le succès de Chandrayaan 3

La seconde tentative aura été la bonne pour l'agence spatiale indienne ISRO. La sonde Chandrayaan 3 s'est posée avec succès à la surface lunaire, à proximité du pôle Sud, dans une zone elliptique de 4 x 2,4 kilomètres, à une latitude de 69,37° sud et une longitude de 32,35° est.

La troisième mission robotisée lunaire du programme indien a été lancée avec succès le 14 juillet dernier. En raison de la masse de la sonde (2 145 kg) et des capacités de la fusée utilisée, Chandrayaan 3 n'a pas pu suivre une trajectoire directe vers la Lune. La sonde a effectué plusieurs orbites autour de la Terre, tout en augmentant progressivement son altitude.

Le 05 août, Chandrayaan 3 est arrivée sur une orbite lunaire elliptique de 164 km x 18 074 km. Durant les deux semaines suivantes, la sonde a réduit son altitude pour finalement atteindre une orbite lunaire basse à peu près circulaire en vue de la tentative d'atterrissage.

A 12 heures 14 UTC, le module de descente de la mission a amorcé une séquence d'atterrissage automatisée dès qu'il avait atteint un point spécifique sur son orbite. A ce moment-là, la sonde a enclenché ses moteurs de propulsion, amorçant ainsi sa descente contrôlée depuis une altitude d'environ 30 kilomètres.

Chandrayaan 3 s'est posée quelques minutes plus tard, à 12 heures 33 UTC sous les tonnerres d'applaudissement dans le centre de contrôle. Après une première tentative avortée, l'Inde a finalement réussi à poser en douceur une sonde sur la Lune. Ce succès place le pays en quatrième position parmi les nations ayant accompli cet exploit, rejoignant ainsi l'Union soviétique (en février 1966), les États-Unis (en juin 1966) et la Chine (en décembre 2013).

Chandrayaan 3 sur la Lune
Première photo envoyée par Chandrayaan 3 depuis la surface lunaire - photo ISRO

Chandrayaan 3 désigne la dénomination globale de cette mission, composée essentiellement de l'atterrisseur Vikram. Celui-ci rend hommage au Dr Vikram Ambalal Sarabhai, considéré comme le père de l'astronautique indienne. Le module Vikram abrite en son sein un astromobile de petite taille nommé Pragyan, mot signifiant « sagesse » en sanskrit.

A bord de Vikram se trouve la sonde RAMBHA-LP (Radio Anatomy of Moon Bound Hypersensitive ionosphere and Atmosphere and Langmuir Probe), une sonde Langmuir déployable destinée à mesurer la densité du plasma à proximité de la surface lunaire. La mission comprend également un dispositif pour évaluer les caractéristiques thermiques de la surface lunaire jusqu'à une profondeur de 10 centimètres, ainsi qu'un instrument pour détecter l'activité sismique de la Lune. De plus, le vaisseau transporte le réseau passif de rétroréflecteurs laser fourni par la NASA.

A bord de Pragyan, se trouvent un spectromètre à particules alpha à rayons X (APXS) ainsi qu'un spectroscope à décomposition induite par laser (LIBS). Ces instruments sont utilisés pour analyser la composition chimique et minéralogique de la surface lunaire.

Pendant les environ 12 jours restants d'exposition à la lumière du soleil lunaire, les deux véhicules spatiaux s'engageront dans une série d'activités et d'expériences. Cependant, il est peu probable que l'un ou l'autre survive à la longue nuit lunaire, caractérisée par des températures plongeant à environ -130°C.

Sources

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