VEGA, le plus petit des lanceurs commercialisés par Arianespace, vient de subir son premier échec depuis sa mise en service en février 2012.
Pourtant, tout s'annonçait pour le mieux pour le vol VV15. VEGA s'était élancée la nuit dernière à 01 heures 53 minutes et 03 secondes UTC du Centre Spatial Guyanais. Sous la coiffe de la fusée européenne se trouvait Falcon Eye 1, un satellite de reconnaissance pour les Emirats Arabes Unis.
Dans un premier temps, la mission se déroulait comme prévu avec un fonctionnement nominal du premier étage. Mais les ennuis sont rapidement apparus peu après l'allumage du deuxième étage. En salle de contrôle, les écrans qui affichent en temps réel la position du lanceur montraient une courbe s'éloignant de la trajectoire prévue comme allait le confirmer la DDO quelques secondes plus tard. Toutefois, le vol s'est poursuivi avec une trajectoire descendante. Un peu moins de cinq minutes après le départ de Kourou, tout contact avec VEGA était perdu.
L'échec est officialisé quelques minutes plus tard par Luce Fabreguettes, Directrice Exécutive d'Arianespace en charge des Missions, des Opérations et des Achats. Au cours de son intervention, elle a présenté ses excuses auprès du client.
Que s'est-il passé ? Il est encore trop tôt pour le dire. Arianespace va constituer une commission d'enquête indépendante qui établira les causes exactes de l'échec. En attendant, tous les lancements de VEGA sont suspendus.
L'échec de la nuit dernière est le premier qu'essuie Arianespace depuis décembre 2002. A l'exception d'un vol Soyuz et Ariane qui n'avaient pu atteindre l'orbite visée sans pour autant perdre les satellites, toutes les missions conduites par le premier opérateur au monde se sont conclues par un succès.
Le premier à faire les frais de l'échec de VEGA est le groupe italien Avio. Maître d'oeuvre des trois premiers étages de la fusée européenne, l'industriel a vu une chute de 14 % de son action au cours de la journée.
A bord de VEGA se trouvait le premier des deux satellites de reconnaissance optiques Falcon Eye, commandés en 2015 par les forces armées des Emirats Arabes Unis.
Après une âpre bataille gagnée contre les Etats-Unis, la France réussissait à signer un contrat clé en main avec les Emirats pour un montant d'environ 700 millions d'euros. Il portait sur la construction de deux satellites identiques, l'installation d'un système de réception au sol et de traitement des images, ainsi qu'un programme de formation pour les ingénieurs qui contrôleront et opéreront les satellites une fois en orbite.
Washington a bien tenté de torpiller l'affaire en refusant la réexportation de certains composants « Made in USA » en raison de la réglementation américaine ITAR, limitant la commercialisation des composants américains estimés stratégiques. L'affaire s'était finalement réglée suite à un entretien entre le Président américain Barack Obama et le Président français François Hollande.
Falcon Eye est un programme qui repose sur deux satellites, développés conjointement par Airbus Space Systems et Thales Alenia Space. Maître d'oeuvre principal, Airbus est responsable des tests et de l'intégration des satellites. Ils utilisent une plate-forme AstroSat-1000 sur laquelle est montée la charge utile conçue par Thales Alenia Space.
Dotés d'une capacité optique à très haute résolution, les Falcon Eye devaient fournir des images de la Terre depuis une orbite héliosynchrone culminant à 660 kilomètres d'altitude pour des utilisations civiles et militaires.
Suite à l'échec de la nuit dernière, les Emirats Arabes Unis ne disposeront plus que d'un seul satellite. Falcon Eye 2, qui devait rejoindre son frère aîné dans les prochains mois, verra son lancement probablement reporté de plusieurs mois.
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