La nuit dernière, la Russie a inauguré son nouveau cosmodrome lors du lancement d'une fusée Soyuz 2.1a chargée de placer sur orbite trois satellites. Le décollage s'est déroulé comme prévu à 02 heures 01 UTC depuis le pas de tir 1S. La fusée a suivi une trajectoire Nord-Ouest pour se diriger vers une orbite héliosynchrone. Après neuf minutes, l'étage supérieur Volga prenait la relève pour la satellisation quelques minutes plus tard. C'était la première fois qu'il était utilisé sur cette version de la mythique fusée russe. Optionnel, Volga offre l'avantage de pouvoir assurer des profils de vol complexes, notamment une injection de satellites sur des orbites différentes lors d'une même mission et se désorbiter pour éviter de devenir un détritus encombrant dans l'espace.
A bord de Soyuz se trouvait les satellites Lomonosov, AIST-2D et SamSat-218/D. Lomonosov (450 kg) est un observatoire dédié à l'observation des différents types de rayonnement qui frappent l'atmosphère terrestre, notamment les rayons cosmiques et les rayons gammas. Il a été développé par l'Université d'État de Moscou qui l'a équipé de 6 instruments scientifiques. Il circule sur une orbite culminant à 550 km avec une inclinaison de 97,6 degrés et devrait rester opérationnel pendant cinq ans. AIST-2D (531 kg) a été conçu par l'Université Aerospatiale de Samara en collaboration avec le centre TsSKB-Progress. Il servira comme démonstrateur pour la recherche scientifique et technologique. Il a rejoint une orbite circulaire culminant à 490 km d'altitude. SamSat-218/D est un CubeSat de 4 kg construit par les étudiants de l'Université d'Etat de Samara. Il servira de démonstrateur dans le cadre d'une expérience sur la stabilisation d'attitude par l'utilisation les forces aérodynamiques.
Le lancement de cette fusée Soyuz marquait le début des opérations depuis le cosmodrome de Vostotchny qui devrait remplacer à terme celui de Baïkonour. Vostotchny est localisé dans la région de l'oblast d'Amour au Sud-Est de la Sibérie, à proximité de la frontière chinoise. C'est en novembre 2007 qu'est décidée la construction de ce nouveau centre spatial qui doit réduire la dépendance de la Russie vis-à-vis du Kazakhstan, où est situé celui de Baïkonour. Lorsqu'il sera entièrement construit, il devrait couvrir une superficie de 55 km2. Selon les estimations du précédent directeur de l'agence spatiale russe, Vladimir Popovkine, il aura coûté la bagatelle de six milliards d'euros. A l'horizon 2020, Roscosmos espère que 45% des lancements spatiaux s'effectueront à Vostochny. Le choix du lieu pour le nouveau cosmodrome n'est pas anodin puisqu'il jouxte celui de Svobodny aujourd'hui fermé. Il réutilise certaines de ses installations, notamment une salle blanche, des stations de télémesure, les anciennes lignes de chemin de fer et des silos d'entrepôts. Le complexe de lancement Soyuz est largement inspiré de celui que l'on trouve en Guyane avec la présence d'un portique qui permet l'intégration de la coiffe sur le lanceur en position verticale. Après les installations de Soyuz, ce sont celles liées à l'exploitation de la gamme des lanceurs Angara qui devraient voir le jour en 2021. Quant à un vol habité depuis Vostotchny, les autorités russes l'espèrent en 2023.
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