Décidément, la fusée Falcon 9 transportant le satellite luxembourgeois de télécommunications SES 9 a bien du mal à décoller. Prévu à l'origine en septembre dernier, le lancement avait du être reporté à une date ultérieure suite à l'échec d'une autre Falcon 9 en juin dernier. La nuit dernière, le compte à rebours a été arrêté au moment de l'allumage des moteurs. Ce tir avorté est le troisième report en cinq jours. Aujourd'hui, on ne parle pas de nouvelle tentative avant mardi soir.
Il faut dire que les contraintes pour ce lancement sont plus importantes que d'ordinaire. Le satellite, 5 330 kg au décollage, est à la limite des performances du lanceur pour une orbite de transfert géostationnaire. Pour parvenir à atteindre l'orbite visée, Falcon 9 devra puiser jusqu'à la dernière goutte ou presque, d'ergols contenus dans ses réservoirs. Hors SpaceX, tout comme SES, souhaite récupérer le premier étage de la fusée en vue d'une réutilisation sur un autre vol pour le même client. L'enjeu est de taille puisque cela permettrait d'offrir le prochain lancement au rabais. Il implique un plan de vol qui demande un remplissage des réservoirs à son maximum pour avoir suffisamment d'ergols pour le retour de l'étage. Pour optimiser ce remplissage, notamment celui en oxygène liquide, ce dernier est maintenu à une température inférieure aux - 206,6° C habituels mais au-dessus du point de congélation qui est de - 226° C. Dans cette plage, l'oxygène liquide est plus compact et moins fluide. Garder l'oxygène à l'état liquide à la température idéale pour le remplissage optimal est une gageure pour les responsables de SpaceX. Depuis jeudi, la compagnie peine à atteindre ces critères qui sont à l'origine de plusieurs reports.
Le satellite aurait pu rejoindre son orbite dès jeudi soir. Les différents reports sont liés aux difficultés à remplir à son maximum le premier étage de la fusée en vue de sa récupération sur une barge stationnée à 600 km des côtes de Floride. Selon l'aveu même de SpaceX, les contraintes pour ce vol sont importantes et les chances de voir se poser la fusée sur ses pieds sont faibles. Raison pour laquelle, l'opérateur privé souhaitait procéder au lancement même si les conditions de récupération n'étaient pas réunies. On aurait pu croire que SES aurait suivi SpaceX dans cette démarche, d'autant plus que la compagnie luxembourgeoise souhaite voir son satellite opérationnel avant l'été. Pourtant il n'en est rien. Le Luxembourgeois souhaiterait que cet étage soit réutilisé pour le lancement d'un autre de ses satellites dans le courant de l'année. A la clé, une réduction de la facture qui ne serait pas négligeable. On peut comprendre dès lors qu'il tente le tout pour le tout et croise les doigts pour que le satellite vole de ses propres ailes à temps pour couvrir les Jeux Olympiques de Rio.
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