Suite aux exigences formulées par l'agence spatiale russe Roscosmos, le conseil d'administration de OneWeb a voté la suspension de tous les lancements depuis Baïkonour.
La guerre des nerfs s'intensifie avec la Russie après que celle-ci ait formulé de nouvelles exigences pour le lancement de 36 satellites Oneweb par une fusée Soyuz, prévu théoriquement le 05 mars.
Mercredi matin, Roscosmos avait publié un communiqué informant que le lanceur avait été transféré vers son pas de tir. Peu de temps après, Dmitri Rogozin, le directeur général de l'agence spatiale, a déclaré sur la chaîne de télévision Russia-24 que le lancement n'aurait lieu que si Oneweb remplissait de nouvelles conditions. Cette décision fait échos aux sanctions adoptées par le Royaume-Uni à l'encontre de la Russie suite à son invasion de l'Ukraine.
D'une part, Rogozin exige que la société britannique fournisse des garanties juridiques complètes qui confirment que les satellites lancés ne seront pas utilisés à des fins militaires. Une réponse est attendue pour le 04 mars à 18 heures 30 TU avant que les procédures de lancement deviennent irréversibles. Dans le cas contraire, la fusée sera ramenée au bâtiment d'assemblage et les satellites à Baïkonour jusqu'à ce que la situation soit résolue. Selon Rogozin, si le lancement devait être annulé, aucun remboursement ne serait effectué. Ce serait une mauvaise nouvelle pour Oneweb qui a déjà payé une partie de la facture.
D'autre part, il exige également que le gouvernement britannique cède sa participation dans la société Oneweb «en raison de la position hostile du Royaume-Uni vers la Russie». Sachant que ce dernier a investi 500 millions de dollars chez l'opérateur pour renflouer les caisses, il n'y a aucune chance qu'il cède au chantage. Le gouvernement prévoit de contacter les autres actionnaires pour discuter de la suite à donner.
En signe de protestation contre la réponse britannique, des techniciens ont recouvert d'un film blanc les différents drapeaux apposés sur la coiffe de la fusée.
L'ambiance électrique qui entoure ce lancement ne met pas que Oneweb dans l'embarras. Arianespace est également impactée par les décisions prises par les Russes. Cette mission de la fusée Soyuz, bien qu'elle soit réalisée par Roscosmos, est commanditée par la société française. Cinq autres lancements sont encore prévus cette année au départ du cosmodrome de Baïkonour pour le compte du même client.
Depuis le début de la guerre en Ukraine, Arianespace a cessé de communiquer sur l'état d'avancement de la campagne de lancement Soyuz. Comme elle s'est abstenue de tous commentaires sur la décision unilatérale russe de quitter le Centre Spatial Guyanais.
Pour sa part, l'agence spatiale française CNES a annoncé ce mercredi un départ « rapide, sûr et encadré » des Russes présents à Kourou mais s'est voulue rassurante en affirmant que « l'arrivée imminente des nouveaux lanceurs Vega C et Ariane 6 sur le marché permet d'envisager » une alternative à Soyuz.
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