Le Conseil de l'ESA s'est rencontré jeudi à Paris pour discuter de l'achèvement du développement du lanceur Ariane 6 et du démarrage de la phase transition entre Ariane 5 et le futur lanceur.
Alain Charmeau, le patron d'ArianeGroup, se félicite de la décision des Etats membres de l'ESA, notamment en ce qui concerne la répartition de la fabrication industrielle entre les différents pays. Toutefois, la satisfaction n'est que partielle. En effet, ArianeGroup, coentreprise qui associe les activités lanceurs d'Airbus et Safran, attend toujours la décision concernant les commandes institutionnelles pour pouvoir lancer la production des premières fusées Ariane 6.
Il est prévu de produire un premier lot de quatorze lanceurs qui couvre la période 2020 à 2022 dont la moitié pour des clients institutionnels (ESA, Commission européennes ou les états). A ce jour, seules deux missions se sont concrétisées sous la forme d'un contrat. Il reste encore cinq commandes fermes à finaliser le plus rapidement possible. De son côté, Arianespace démarche les clients commerciaux pour vendre son nouveau lanceur. Quelques-uns semblent montrer un certain intérêt pour embarquer à bord d'Ariane 6.
Capter une partie du marché institutionnel est d'autant plus important pour Ariane 6 que le nombre de satellites de télécommunications tend vers une stagnation, voire une régression d'ici 2020. Le nouveau lanceur a donc besoin de ces missions pour remplir son carnet de commandes de façon à maintenir un prix concurrentiel, notamment face à SpaceX. Cependant, les différents acteurs du monde spatial estiment qu'un regain d'activité devrait intervenir après 2020 avec le renouvellement des satellites vieillissant.
En parallèle au développement d'Ariane 6, l'Europe se concentre sur la mise au point du moteur à propergol solide P120C. Le P120C est le plus grand propulseur à propergol solide en fibre de carbone jamais construit dans un segment de près de 13,5 m de long et d'environ 3,4 m de diamètre. Il servira de propulseurs d'appoint sur Ariane 6 et de premier étage sur le lanceur VEGA C.
Ariane 6 c'est un lanceur pour deux versions, qui se distinguent en fonction du nombre de propulseurs d'appoint. Ariane 62 est équipée de deux boosters et a une capacité d'emport de 4,5 tonnes sur l'orbite de transfert géostationnaire ou de 7 tonnes sur une orbite polaire. Ariane 64 compte quatre boosters et devrait prendre la relève d'Ariane 5ECA pour les lancements doubles avec une capacité qui pourra monter jusqu'à 12 tonnes sur l'orbite de transfert géostationnaire. Grâce à son moteur réallumable Vinci, Ariane 6 offrira une flexibilité pour remplir des missions complexes et répondre aux besoins des clients.
Bien que son architecture soit largement inspirée de celle d'Ariane 5, la nouvelle fusée européenne est conçue de manière à réduire le coût de production de 40 %.
Le premier vol d'Ariane 6 est prévu en juillet 2020 depuis le pas de tir flambant neuf en cours de construction au Centre Spatial Guyanais.
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