L'année 2019 s'achève par le succès de la fusée chinoise Chang-Zheng 5. Aucune autre tentative de lancement n'est prévue d'ici le 01 janvier. Il est temps de tirer le bilan de l'année.
En 2019, nous avons eu 102 tentatives de lancement orbital dont cinq qui se sont soldées par un échec. Pour la seconde année consécutive, la Chine monte sur la première marche du podium avec 33 tentatives. Elle est suivie par la Russie avec 25 et les Etats-Unis avec 21. On retrouve à ex aequo l'Europe, l'Inde et la Nouvelle-Zélande avec 6 lancements effectués chacun tandis que le Japon et l'Iran n'ont procédé qu'à deux lancements chacun.
La part belle des lancements réalisés par la Chine est consacrée au déploiement des satellites de navigation Beidou et à l'observation de la Terre. Dix satellites Beidou ont été lancés sur leur orbite respective cette année. Les autorités chinoises pensent achever la construction du système de navigation satellitaire Beidou 3 avant l'été 2020.
La fusée Soyuz reste le pilier de l'activité spatiale russe avec 18 lancements effectués sur les 25 catalogués par la Russie dont 7 en lien avec l'exploitation de la station spatiale internationale. A noter que 2019 est la première année depuis 2003 où aucun échec n'est à déplorer, tous lanceurs russes confondus.
L'Europe continue son petit bonhomme de chemin avec Ariane 5 dont la fiabilité n'a plus fait défaut depuis décembre 2002 ! La petite soeur Ariane 6, dont le vol inaugural est prévu au second semestre 2020, devra faire aussi bien sinon mieux. C'est l'une des conditions pour faire face à la concurrence qui s'annonce rude dans les prochaines années.
Depuis quelques années déjà, l'Inde développe un programme spatial ambitieux. Le nombre de lancements répond à une demande toujours plus grande en besoins de télécommunications, télédétection et autres. L'Inde rêve aussi d'étoiles avec notamment le lancement de la mission lunaire Chandrayaan 2 accompagnée de l'atterrisseur Vikram. Si ce dernier n'a pu se poser en douceur dans la poussière sélène, il ouvre la voie à d'autres missions d'exploration planétaire.
Un peu à part, RocketLab est spécialisée dans la mise sur orbite des satellites de petite taille, principalement les CubeSat. Société aérospatiale américaine d'origine néo-zélandaise, elle est comptabilisée comme lancements néo-zélandais. Six lancements ont été effectués depuis la péninsule de Mahia sur l'île du Nord sur la côte de l'Océan Pacifique, tous couronnés de succès. A partir de 2020, Rocketlab disposera d'un second pas de tir en Nouvelle-Zélande et d'un troisième à Wallops Island en Virginie. La société sera alors en mesure d'offrir aux clients 130 opportunités de lancement par an, de quoi satisfaire les nombreux clients en attente.
Deux échecs chinois sont à déplorer, celui de la fusée OS-M1 de la startup OneSpace et d'une Chang-Zheng 4C transportant le satellite de télédétection Yaogan 33. L'Iran n'a pas fait mieux avec deux échecs sur ses deux tentatives de lancement. Les ratés iraniens ont été passés sous silence par les autorités mais rendus publics grâce aux photos prises par des satellites occidentaux. L'Europe a connu le premier échec avec sa fusée VEGA. Une anomalie structurelle du deuxième étage a conduit à la perte du satellite de reconnaissance émirati Falcon Eye 1. Echec qui a des conséquences puisque le second satellite a été transféré sur une fusée Soyuz qui partira de Guyane en 2020 à la demande du client.
En 2019, les lanceurs russes Soyuz FG et Rokot-KM ont tiré leur révérence ainsi que les différentes variantes de Delta IV M+. Soyuz FG a été remplacé par Soyuz 2.1a, plus moderne, pour les missions habitées russes. L'exploitation des Rockot-KM est stoppée en raison du différent entre la Russie et l'Ukraine, ce dernier étant le fournisseur de l'avionique de la fusée russe. Une Rockot 100 % russe est en projet mais pourrait être abandonné au profit des fusées Soyuz 2.1v ou Angara 1.2 aux performances similaires. Jugées coûteuses, les versions Delta IV M+ ont été abandonnées. Les Etats-Unis confieront les satellites à l'Atlas V et Falcon 9. De la famille Delta IV, seule subsiste la version Heavy mais ses missions sont comptées. Cinq vols sont prévus jusqu'en 2024 avant son retrait du service actif.
L'agence spatiale indienne a mis en service deux nouvelles versions de son lanceur phare, le PSLV. Désormais, la fusée se décline en 5 versions selon le nombre de boosters (0, 2, 4 ou 6 standards ou 6 XL) ainsi coller au mieux aux performances demandées pour les satellites à placer sur orbite. En Chine, plusieurs startups sont entrées en scène avec leur lanceur respectif : OS-M1 de OneSpace, Hyperbola 1 de iSpace, Jielong 1 de ChinaRocket, filiale de la China Aerospace Science and Technology Corporation.
Pour lancer le vaisseau CST-100 Starliner de Boeing, United Launch Alliance a dû adapter sa fusée Atlas V aux exigences du vol habité. Ainsi, Atlas V/420 donne naissance à Atlas V/N22 par la modification de la partie haute (suppression de la coiffe et ajout d'un adaptateur aérodynamique) et l'ajout d'un second moteur cryogénique sur l'étage Centaur. Le vaisseau en lui-même est monté au sommet de la fusée et dispose d'un système d'éjection d'urgence intégré.
Sources
A lire aussi