Le vol inaugural d'une nouvelle fusée reste un évènement dans l'astronautique, d'autant plus qu'il est souvent sujet à de nombreux reports, ajoutant une pression supplémentaire sur les responsables. La petite dernière d'Orbital Science Corporation n'échappe pas à la tradition puisqu'au départ, le premier vol était programmé pour octobre 2011. Une longue attente qui aura permis aux ingénieurs et techniciens de finaliser la dernière née de la gamme des lanceurs moyens.
Il est 21 heures UTC lorsque les 277 tonnes du lanceur s'arrachent du centre spatial de Wallops Island en Virginie. Propulsé par deux moteurs AJ26-62 développant une poussée au décollage de 333 tonnes, le premier étage fonctionne correctement durant ses 230 secondes de vol avant de céder la place au second étage équipé d'un moteur Castor-30A à poudre qui s'allume 93 secondes plus tard pour une phase de propulsion de 155 secondes. Dix minutes après le décollage, la fusée injectait sur orbite une maquette représentative du ravitailleur Cygnus ainsi que 4 CubeSat.
Le lancement réussi de la nuit dernière ouvre la porte aux missions COTS, service commercial de transport orbital permettant de livrer du fret à moindre coût en faisant appel à des privés. Outre SpaceX qui a déjà réalisé ce type de mission, la NASA pourra désormais compter également sur Orbital pour acheminer du fret à destination de la station spatiale internationale.
C'est en 2008 qu'Orbital se lance dans le programme COTS initié par la NASA en proposant son lanceur de classe moyenne Antares en cours de développement et son cargo Cygnus mis au point conjointement Thales Alenia Space. Il reprend l'architecture du module ravitailleur MPLM utilisé par la navette auquel un module de propulsion a été ajouté. L'engin sera capable de transporter jusqu'à 2 tonnes de fret, voire 2,7 tonnes dans une version allongée. Avec un lanceur qualifié, il reste désormais à faire de même avec le ravitailleur. Ce sera chose faite d'ici la fin de l'année avec un vol de démonstration qui permettra de valider toutes les phases de vol avec amarrage au complexe orbital. A la clé, 8 missions logistiques sont prévues jusqu'en 2016 avec la possibilité d'extension du contrat en fonction des besoins.
Après le succès du vol inaugural d'Antares, les Etats-Unis disposent d'un nouveau lanceur de classe moyenne capable de prendre la relève de la mythique Delta II dont il ne reste que quelques exemplaires. Développée dès 2008 sous le nom de Taurus 2, la fusée a été rebaptisée fin 2011 Antares par son constructeur. A l'époque, il expliquait son choix par le fait que Taurus 2 n'avait aucun lien de parenté avec son aînée et qu'un nom propre était dès lors plus approprié. Antares c'est aussi un succès russe et non des moindres ! Saviez-vous que le premier étage était propulsé par des moteurs AJ26-62, version américanisée du NK-33 mis au point pour la fusée lunaire russe N-1 ? Il en fallait 30 pour faire décoller le monstre de 2 800 tonnes. Bien que fiables, ces moteurs ne sont jamais parvenu à propulser la fusée jusqu'à la Lune. Un échec cuisant qui a conduit à l'abandon du projet lunaire, les moteurs restant étant stockés dans un hangar. Lorsqu'il a fallu équiper le premier étage d'Antares, c'est vers les Russes que les Américains se sont tournés et plus particulièrement vers le NK-33 qui fournit une poussée de 1 500 kN. Une belle revanche pour Kuznetsov qui a conçu les moteurs au milieu des années 60... Il y a 50 ans !
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