Apollo 13 devait être la troisième mission habitée à se poser sur la Lune. Lancée le 11 avril 1970 à 19 heures 13 UTC depuis le pas de tir 39A du Kennedy Space Center, elle emportait à son bord le commandant James A. Lovell Jr., le pilote du module de commande John L. Swigert Jr. et le pilote du module lunaire Fred W. Haise Jr. Mais à 330 000 km de la Terre, une explosion dans le module de service obligea la NASA à renoncer à l’alunissage et à improviser une opération de sauvetage inédite.
Peu avant le lancement, un premier changement d’équipage donne le ton : John Swigert remplace à la dernière minute Ken Mattingly, déclaré non immunisé contre la rubéole après avoir été exposé à Charlie Duke, pilote de secours du LM. Dès la mise en orbite, quelques anomalies apparaissent : le moteur central du second étage (S-II) s’éteint 132 secondes trop tôt, obligeant les autres moteurs à compenser. Le troisième étage (S-IVB) doit lui aussi prolonger sa poussée de neuf secondes pour atteindre la trajectoire prévue. Mais la mission se poursuit normalement.
L’injection translunaire a lieu à 21 heures 54 UTC. L’équipage procède ensuite aux manœuvres habituelles de séparation et d’amarrage entre le module de commande (Odyssey) et le module lunaire (Aquarius). Le 12 avril, le troisième étage est volontairement envoyé s’écraser sur la Lune pour les besoins d’une expérience sismique. À ce stade, la mission semble bien engagée.
L'accident d'Apollo 13
Le 13 avril, après une émission télévisée montrant la vie à bord, Jack Swigert active les ventilateurs d’agitation des réservoirs d’oxygène. Quelques secondes plus tard, à 03h07 UTC, le réservoir n°2 explose. Le module de service est gravement endommagé : le réservoir n°1 est touché, la structure interne arrachée, le panneau externe arraché. Immédiatement, les voyants s’allument, la tension chute. Swigert lance l’alerte à Houston : « Houston, we've had a problem here. »
La pression dans les réservoirs d’oxygène chute rapidement. Une fuite est visible à l’extérieur. Très vite, il est clair que l’équipage perd ses réserves d’oxygène, d’énergie, de lumière, d’eau. À 55 heures de mission, l’objectif lunaire est abandonné. À 210 000 miles de la Terre, la priorité devient le retour en vie.
Avec seulement 15 minutes de réserve dans le module de commande, l’équipage bascule dans le module lunaire, conçu pour deux astronautes et une autonomie de 45 heures. Il devra en accueillir trois pendant plus de 90 heures.
Les contrôleurs au sol élaborent en urgence des procédures inédites pour gérer la navigation, la propulsion et les ressources à bord. Le module de descente du LM devient la principale source d’énergie et de propulsion. Le 14 avril, une première manœuvre modifie la trajectoire pour ramener Apollo 13 vers la Terre via une orbite de retour libre. Une seconde correction, le 15 avril, accélère le retour. Le module est ensuite presque entièrement éteint pour conserver ses ressources.
La gestion des consommables devient critique. L’oxygène reste suffisant, mais l’eau manque. L’équipage limite sa consommation à 180 mL par jour et souffre de déshydratation : Lovell perdra 6 kg à lui seul. L’un des trois accumulateurs du CM subit même une décharge brutale, menaçant le retour. La tension est à son comble.
Le 17 avril, à 12 heures 53 UTC, une ultime manœuvre ajuste l’angle de rentrée atmosphérique. À 13h15, le module de service est largué, révélant l’ampleur des dégâts. Le module lunaire Aquarius est largué à son tour à 16h43. Il emporte avec lui le générateur SNAP-27, prévu pour alimenter les expériences scientifiques lunaires, et qui sombrera dans le Pacifique avec ses 3,9 kg de plutonium.
À 18h07 UTC, Apollo 13 amerrit dans l’océan Pacifique, à seulement 6,5 km du navire de récupération USS Iwo Jima, après 142 heures, 54 minutes et 40 secondes de vol. La mission est sauvée, l’équipage aussi.
Les causes de l'accident
L'explosion d'Apollo 13 trouve son origine dans une défaillance du réservoir d’oxygène n°2 du module de service. Lors d’un test au sol, ce réservoir fut accidentellement chauffé à plus de 500 °C en raison d’un problème de tension électrique et d’un thermostat inadapté aux nouvelles normes de courant. Cela endommagea son isolation interne. Lorsqu’un ventilateur fut activé en vol pour mélanger l’oxygène liquide, un court-circuit déclencha une étincelle, enflamma les matériaux internes et provoqua une explosion. Cette défaillance n’avait pas été détectée avant le vol, car les procédures de test au sol ne permettaient pas d’observer les dommages internes causés.